Diplômes : la France est-elle prête à changer de mentalité ?

#employabilité #génération y #jeunes diplômés

18 septembre 2018

Avoir un diplôme en poche, qui plus est d’une école reconnue, ouvre indéniablement les portes des entreprises françaises mais aussi étrangères. Considéré par les étudiants comme un Graal, le diplôme est une obligation pour certains recruteurs. Mais dans une société bouleversée par le digital qui permet à des profils autodidactes de valoriser leur expérience professionnelle et leurs compétences acquises en dehors de bancs d’école, le diplôme perd-t-il de sa valeure aujourd’hui ?

Oui, les mentalités des entreprises changent, notamment sur les métiers numériques.

Caroline Letellier
Caroline Letellier

Sur des compétences recherchées, parfois même rares, si dans la fiche de poste les recruteurs indiquent un profil idéal avec un diplôme, ils revoient parfois leurs critères à la baisse pour élargir la candidature à des personnes non-diplômées ayant un savoir faire qui se vérifie facilement par le portfolio ou un test lors de l’entretien »constate Caroline Letellier, Responsable du développement de l’offre de formation de l’école Wild Code School, une école spécialisée dans les métiers du numérique qui compte 14 campus en France.

Pour Caroline Letellier, le savoir faire technique est vérifiable autrement que par un diplôme et les entreprises sont en train de changer progressivement de mentalité. C’est particulièrement le cas sur des métiers qui évoluent vite et dont le besoin devient pressant tel que les métiers du numérique. Son école propose différentes formations courtes (de 3 mois à 1 an) pour des métiers ciblés : Développeur web, Développeur Concepteur d’applications, Data Analyst ou encore Product Manager.

Des profils stratégiques pour les entreprises : « Nous travaillons avec des entreprises partenaires qui valident les contenus de nos formations afin que celles-ci soient en phase avec les compétences recherchées par les recruteurs, des outils, un langage de programmation… » explique Caroline Letellier qui souligne également une démocratisation de la formation.« Les formations continues sont plus accessibles. Le rapport à la carrière professionnelle a également évolué. On ne passe plus toute sa carrière dans une entreprise. Il est de plus en plus envisageable de faire des allers retours entre le monde de l’entreprise et le monde de la formation » poursuit-elle.« Ce que je remarque, c’est que le profil de ces entreprises avec qui nous sommes partenaire a changé au fil du temps. Avant nous discutions le plus souvent avec des start-up qui recrutaient avec des critères larges et ouverts à tous types de profils. Aujourd’hui nous discutons de plus en plus avec des grands groupes dans le secteur de l’énergie ou du conseil et des multinationales ».

Finalement, plus les candidats ont de l’expérience et une expertise, plus ils seront recherchés, avec ou sans diplôme.

Je constate que l’expérience compte vraiment dans le cadre d’un recrutement sur un métier de la filière numérique : les recommandations, le travail déjà réalisé, les projets personnels ou professionnels… Montrer le fruit de ses réalisations est le meilleur témoignage d’un savoir-faire ».

Non, le diplôme reste une assurance pour les employeurs.

François Firmin
François Firmin

Le diplôme a une double fonction dans le monde du travail d’aujourd’hui. Il valide des compétences techniques liées à un métier : compétences informatiques, industrielles, juridiques…. mais atteste aussi d’une capacité à réfléchir à un certain niveau: notamment pour les postes de cadres. Au delà de l’expérience, le diplôme (type grandes écoles) montre la capacité à réfléchir, à se projeter dans un environnement ou une problématique d’entreprise »estime François Firmin, CEO et Co Fondateur de la Start-up Nomad Education, un éditeur d’applications éducatives allant du collège à bac+5.

Pour cet expert de la formation,

la France reste un pays de culture générale et de polyvalence. Le diplôme apparaît donc une assurance pour le recruteur, une assurance d’adéquation entre le niveau qu’il attend sur le poste à pourvoir et son salarié ».

Et ne pas avoir de diplôme peut s’avérer problématique sur le marché du travail.

Un diplôme, c’est un savoir faire validé aussi bien pour un CAP boulangerie que pour un doctorant en astrophysique. Entrer sur le marché du travail sans diplôme, c’est ne pouvoir montrer aucun savoir faire à priori. C’est un handicap à surmonter car il faut pouvoir persuader le recruteur de faire un essai avec vous. Pour lui, c’est du temps à consacrer et un risque que peu sont prêts à prendre sauf dans les secteurs vraiment en tension où il n’y a pas assez de candidats (informatique, restauration…) », observe François Firmin.

Toutefois, l’expérience et la personnalité peuvent parfois pallier l’absence de diplôme.

Sur des métiers où la compétence technique prévaut sur la personnalité, je dirai que le diplôme prévaut sur une longue expérience. Et inversement, sur des postes où la personnalité est prédominante, l’expérience lue sur un CV en dit beaucoup plus long sur la valeur du candidat que son diplôme », nuance-t-il.Pour François Firmin,« avoir fait de longues études n’est pas toujours la clé pour trouver un emploi. De longues études dans des secteurs sans employabilité sont mêmes un handicap car l’employeur a naturellement peur de sous employer un salarié. A contrario, un diplôme type Bac +2 dans un secteur très recruteur est un bon moyen d’entrer vite et avec beaucoup de potentiel sur le marché du travail ».

L’apprentissage en alternance, véritable enjeu pour faciliter l’insertion professionnelle, apparaît comme le mariage idéal entre diplôme et expérience.

Ces années sont d’autant plus importantes pour des métiers vraiment en interaction avec les autres. Elles permettent au jeune de montrer sa motivation et sa capacité à s’intégrer au delà de sa compétence technique. D’ailleurs nous recrutons énormément à l’issue de ce type d’années comme beaucoup d’entreprises. Nous vérifions ainsi sur une période suffisamment longue et sans risque, l’adéquation du candidat avec les valeurs et la culture de d’entreprise », conclut François Firmin. 

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