“j’ai automatisé une partie de mon travail”.
30 juillet 2024
Certains voient les avancées technologiques comme un danger pour l’emploi. D’autres y voient l’opportunité de se délester de tâches répétitives et fastidieuses. C’est le cas d’Arnaud (1), responsable SI au sein d’une grande entreprise française. Il raconte comment il a automatisé une partie de son travail et l’impact que ça a eu sur sa carrière.
- deux mois ont suffi à le convaincre
- opération sous-marin
- un gain de temps significatif
- un coup de boost pour sa carrière
deux mois ont suffi à le convaincre.
Arnaud est assistant SI (Systèmes d’Information) depuis 2 mois lorsqu’il commence à vouloir automatiser une partie de ses missions. Son rôle à l’époque : assurer le bon fonctionnement et la programmation du logiciel de Facility Management (« gestion des installations ») créé en interne. « Concrètement, cet outil servait à garantir l’état des infrastructures et des équipements de l’entreprise en traitant les demandes d’intervention de 160 services répartis sur 250 sites », détaille Arnaud.
Il programme donc l’outil via une multitude de critères pour que chaque demande d’intervention soit envoyée au bon prestataire, au bon endroit, avec le bon délai d’intervention. « La programmation prenait près de 2h à 3h par site. Il fallait ensuite environ 1 jour par site pour vérifier les doublons. Sans compter les mises à jour tous les 2 mois qui nécessitaient de nouvelles vérifications. Bref, ces tâches répétitives m’ont poussé à chercher un moyen de les automatiser. »
opération sous-marin.
Arnaud explore d’abord les possibilités d’automatisation avant d’en parler à sa direction. « Quand j’ai demandé un logiciel de gestion de base de données SQL, j’avais l’impression de parler chinois. Mes explications étaient sans doute trop techniques. Ils ont accepté sans réellement comprendre, en me rappelant qu’il ne fallait pas que ça empiète sur mon travail », se souvient-il.
Motivé par le défi technique, Arnaud crée son outil tant sur son temps personnel que professionnel. « Au départ, je faisais ça en sous-marin à la maison car je ne savais pas si j’allais y arriver. Quand mon outil a commencé à être fonctionnel, je terminais mes tests et paramétrages au bureau. Au total, j’ai mis 4 mois pour qu’il soit opérationnel. »
un gain de temps significatif.
L’outil d’Arnaud fonctionne bien, il automatise les vérifications, réalise les comparaisons et signale les erreurs. Au total, il gagne près de 2 jours de de travail par semaine. Il ne l’évoque pas à son N+1 et profite de ce temps libre pour optimiser l’outil et avancer sur d’autres projets. « Je ne voyais pas l’intérêt d’en parler à mon manager – qui me semblait peu réceptif – alors que mes missions étaient accomplies et que je mettais à profit le temps gagné pour aller plus loin », justifie – t- il.
Après 1 an et demi, cela devient visible. « Là où les autres services SI régionaux avaient du mal à tenir la cadence à deux, j’étais, de mon côté, seul à remplir les fonctions. C’est à ce moment que j’ai informé la direction et ai présenté l’outil aux équipes. En revanche, je l’avais pensé pour mon propre usage. Il était donc difficilement exploitable par les autres et nous n’avons pas eu l’opportunité de le mettre à jour ou d’en créer un nouveau. »
un coup de boost pour sa carrière.
Pour autant, grâce au développement de cet outil, Arnaud commence à gagner en notoriété dans l’entreprise. Il continue de mettre à profit le temps gagné pour développer dans son coin un nouvel outil. Cette fois, il s’attaque à l’uniformisation et l’automatisation de tableaux de bord. Après plusieurs mois de programmation, il gagne environ 3 jours par mois grâce à ce nouvel outil qui compile les données et les met en forme. Il voit là l’occasion de se faire reconnaître par la grande direction et de servir l’intérêt de toutes les équipes. « J’ai pris les devants et ai présenté cet outil d’automatisation à mon N+2. Il m’a donné une mission supplémentaire pour le présenter aux régions et une prime de 5000€. J’ai fini au Codir, avec une approbation générale », raconte-t-il.
Ses prises d’initiatives et ses compétences lui valent alors une reconnaissance à l’échelle nationale. Après 3 ans, ses missions s’étendent au national et il obtient une promotion en tant que Responsable SI.
Aujourd’hui, les outils qu’il a créés ont permis de réadapter le logiciel fourni par un prestataire extérieur. Il a bien sûr fait partie du groupe de travail pour mener à bien le projet et intégrer les spécificités de ses outils. « J’ai toujours été animé par l’informatique et la programmation. J’y vois un moyen de nous délester de tâches répétitives pour nous concentrer sur des missions à valeur ajoutée. Ce qu’on appelle aujourd’hui Intelligence Artificielle ne l’est pas. Pour moi, c’est un programme qui va chercher les informations qu’on lui donne et qu’on lui demande. Il manque donc cette part d’intelligence que seul l’humain possède », conclut-il.
Bon à savoir :
des contrats de travail peuvent stipuler la notion de propriété intellectuelle des outils développés sur le temps de travail. Auquel cas, le Code de la Propriété Intellectuelle (article 113-9) prévoit que l’employeur devient titulaire du logiciel développé par un salarié dans l’exercice de ses fonctions. En somme, l’outil est susceptible d’être absorbé par l’employeur. De quoi inciter la plupart des travailleurs à s’en cacher ? Et si c’était l’occasion de faire entrer l’outil dans une négociation et une collaboration gagnant-gagnant comme pour Arnaud ?
(1) Le prénom a été modifié.
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