pourquoi on devrait arrêter de parler de congé parental.

#égalité femme homme #motivation

1 juillet 2022

Tous les parents qui ont pris un congé parental sont unanimes : le congé parental reste très peu valorisé au sein de notre société et vu comme une pause détente dans l’imaginaire collectif… Gaëlle Brouat prend la plume du blog pour vous en proposer une toute autre vision !

« Ah c’est super, tu fais un break, tu es tranquille à la maison pendant que ton conjoint va travailler ». « Encore une qui s’est mise en vacances à ne rien faire, et on cotise pour ces gens-là ». « Ça va te faire bizarre quand tu vas reprendre un vrai boulot après tout ce temps »… 

Bref, qui dit congé parental, dit aussi amalgame sur la période ! D’ailleurs plus d’un parent sur trois avoue que rester à la maison pour s’occuper des enfants est beaucoup plus difficile que d’aller au bureau. 💪

On pourrait alors se demander pourquoi on n’a toujours pas renommé cette période qui n’a rien d’un congé… Pour faire évoluer les mentalités et stopper les fantasmes concernant le congé parental, voici un petit jeu des 4 différences entre des vacances et un congé parental !

Les congés congés parentaux sont tous sauf reposants

Première différence notoire entre un congé parental et des vacances : la fatigue (en particulier le manque de sommeil !). 

  • Être un parent à la maison, c’est travailler 7 jours sur 7 et 18 heures sur 24 (et cela si on arrive à dormir 6 heures par nuit car les réveils nocturnes peuvent être très nombreux).

Au manque de sommeil s’ajoute : 

  • la récupération physique suite à l’accouchement, 
  • l’accumulation des tâches ménagères (faire tourner 2 lessives par jour, ranger le linge, nettoyer les dégâts réalisés après chaque repas…), 
  • le quotidien de son bébé (passer des heures à essayer d’allaiter son enfant, changer les couches, laver les biberons, soulager les coliques du nourrisson, se renseigner sur les meilleurs soins, se rendre aux rendez-vous médicaux…), 
  • et la gestion – souvent – des autres enfants (devoirs, accompagnements à la crèche ou à l’école, réunion de parents, sorties..).

La fatigue extrême et l’épuisement rendent donc le quotidien des jeunes parents beaucoup plus difficile. 

« Le manque de sommeil me rendait hypersensible, étourdie et moins efficace. Tout paraissait insurmontable », avoue Julie, l’une des participantes de notre bilan de compétence.

« Tout le monde me disait de faire des siestes mais mon fils, lui, n’en faisait pas. Je n’avais aucune minute de répit », Hélène, jeune maman en congé maternité.

Qui plus est, non seulement le congé parental est plus fatiguant qu’un emploi classique mais en plus, il n’est pas rémunéré !

Le congé parental n’est pas rémunéré (ou très peu !)

Deuxième différence, et non des moindres, avec des vacances : un congé parental implique une perte totale de salaire (sauf si vous optez pour un congé parental d’éducation à temps partiel). 

En effet, à raison de 392€ d’allocation en congé parental (pour ceux et celles qui ont suffisamment cotisé), peu de couples peuvent se permettre une telle diminution de revenus (encore moins les pères qui représentent généralement le revenu le plus élevé du couple). 

Par ailleurs, les couples qui choisissent l’option congé parental sont souvent contraints de réduire leurs dépenses. Finies les sorties au restaurant et les virées shopping ! 

Là aussi, de quoi faire arrêter de fantasmer certaines personnes sur le luxe du congé parental. Élever la génération future est finalement un des métiers les moins rentables que l’on puisse trouver. 💡

Le congé parental n’est pas valorisé

femme qui joue avec ses enfants

Corollaire du peu de valorisation financière du congé parental, les pauses parentales (quelles qu’elles soient), restent peu valorisées par notre société.

Le regard de notre entourage reste décalé par rapport à la vraie vie des parents au foyer.

Non seulement ceux-ci sont mis dans des cases « tranquillement assis sur leur canapé à regarder des séries Netflix », mais ils sont aussi très vite mis à l’écart de par leur manque de connexion avec « le monde du travail ».

« Durant des soirées, certaines personnes stoppaient net toute conversation en apprenant que je ne travaillais plus (même momentanément) pour m’occuper de mes enfants. Comme si je n’avais jamais rien fait d’autre dans ma vie que de donner des biberons ou que je n’avais pas d’autres centres d’intérêts », Marie, une participante de retour de congé parental.

« Je n’osais plus répondre à la question “Tu fais quoi dans la vie?”. J’ai bien vu que les gens imaginent que je ne parle que des couches de mon enfant et que je ne suis plus connectée au monde du travail » ajoute-t-elle. 

En définitive, peu de gens manifestent de l’intérêt pour les parents au foyer, exceptés les parents au foyer eux-mêmes, ce qui contribue au sentiment d’exclusion et de solitude que peuvent ressentir certains parents.

Qui dit congé parental dit perte d’employabilité

Même si les mentalités changent progressivement, les parents qui ont quitté la vie en entreprise depuis des mois (ou des années) font peur aux recruteurs et sont souvent discriminés en entretien de recrutement. Pourtant, de la naissance au passage à l’adolescence, être parent est un apprentissage continu et intensif !

Il y a les compétences que l’on développe lors des premières semaines de parents : 

  • la capacité à travailler sous pression (quand vous devez suivre une liste de courses alors que votre bébé hurle dans le magasin), 
  • ou la créativité (remplacer la couche oubliée par 24 serviettes de restaurant). 

Puis, il y a les compétences qui viennent ensuite comme :

  • l’empathie (quand vous devez gérer le désespoir de votre enfant qui ne voulait pas que vous mélangiez le gruyère dans ses pâtes) 
  • ou la négociation (quand vous devez lui faire enfiler un manteau au-dessus de son tee-shirt Pat’Patrouille).

🤓 D’ailleurs, des études ont plus sérieusement démontré les compétences personnelles développées en devenant parents, notamment : la capacité d’organisation, la prise de recul, la gestion du stress, l’écoute, l’empathie, la créativité, la patience, la résolution de problèmes, le sens des responsabilités ou la rigueur.

Ces mêmes compétences qui sont d’ailleurs très recherchées par les entreprises aujourd’hui ! 

Changeons la donne et renommons le congé parental

Malheureusement, les parents perdent énormément confiance en eux durant ces périodes et se sentent moins légitimes, moins pertinents et moins intelligents. Comme s’ils avaient laissé une partie de leur cerveau sur la table à langer…

Le peu de valorisation de ces pauses par l’État, la société et les entreprises participe par ailleurs à ce manque de confiance généralisé des parents en congé parental.

Pourtant, loin d’être une période de vacances, les « congés parentaux » sont, d’après de nombreux parents, le métier le plus important qu’ils aient eu à occuper dans leur vie. Pour faire bouger les lignes et revaloriser l’image des « expériences », les recruteurs ont un vrai rôle à jouer dans la valorisation des compétences parentales en entreprise

En attendant, une première étape serait peut-être de ne plus employer le terme congé pour une période qui, on l’a vu, est loin d’être reposante. Des idées de noms plus adaptés ? 🌟

 

Gaëlle Brouat Gaëlle Brouat est fondatrice de Ma Pause Parentale et de l’Escale. A travers l’initiative Ma Pause Parentale, elle permet aux hommes et aux femmes d’afficher fièrement leur parentalité sur leur profil Linkedin. Et, parce que devenir parent est un moment charnière dans une vie professionnelle, elle accompagne de plus en plus d’hommes et de femmes à se poser les bonnes questions pour trouver un projet qui réponde à leur besoin d’équilibre, à leurs nouvelles priorités et au sens qu’ils souhaitent désormais donner à leur travail.

💖 Et plus encore :

 les Coups de Coeur du moment de Gaëlle… pour aller plus loin sur le sujet 

  • Une vidéo : la charge mentale des femmes expliquée aux hommes avec beaucoup d’humour ! d’Alex Ramires
  • Un blog : Les fabuleuses au foyer, c’est aussi une newsletter, des formations, et – surtout – une communauté. Avec les Fabuleuses, Hélène Bonhomme, maman de 4 enfants dont des jumeaux, veut permettre à chaque maman de retrouver la fabuleuse qui est en elle.
  • Une application : May, pour accompagner au quotidien les jeunes parents. Avec une équipe médicale disponible à tout moment, des conseils personnalisés et des contenus sur des sujets variés.

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