un rebond inattendu, à 59 ans.

• le tournant, après 11 ans. 
• vers un nouveau départ. 
• une expertise, chiffres à l’appui. 
• l’envolée salariale inattendue. 
• un second souffle.  
• l’état d’esprit n’a pas d’âge. 

le tournant, après 11 ans. 

Après avoir été expert ERP, Éric s’illustre pendant près de 11 ans au poste de directeur sûreté et ingénieur HSE dans un groupe spécialisé en solutions de sécurité pour des sites sensibles (centrales nucléaires, aéroports, ports, lieux événementiels, commerce…). Il y impulse une politique globale de sûreté et anime la déontologie du groupe en matière de sécurité. 

Mais à 59  ans, la machine se grippe. L’entreprise traverse des difficultés financières et procède à une réorganisation. Elle entame des discussions pour des départs négociés avec plusieurs collaborateurs, dont Eric. « J’ai pressenti que le couperet allait tomber et que je ne pourrais pas rester, reconnaît-il, lucide. Je n’allais pas m’accrocher à un poste en sursis. » 

vers un nouveau départ. 

Les négociations de départ et la rupture conventionnelle lui garantissent une retraite minimale, mais Éric ne se résout pas à quitter la vie active pour autant. Il réorganise son CV, réfléchit à l’orientation de sa carrière, entrevoit même le statut de freelance, mais surtout : il réactive son réseau. Le bouche-à-oreille opère. En quelques semaines il décroche 6 échanges téléphoniques, et obtient 2 propositions de CDI ainsi qu’une mission longue à l’étranger. 

« Je pensais décrocher des missions courtes, pas forcément très qualifiées, explique-t-il. Viser un poste stratégique en CDI à 59 ans me semblait être une gageure. Pourtant, les entreprises que j’ai contactées m’ont fait prendre conscience de ma valeur sur le marché du travail. »

une expertise, chiffres à l’appui. 

Il faut dire que son expérience lui a donné les bons réflexes pour valoriser son expertise : lors de ses échanges, il illustre ses fonctions précédentes d’exemples chiffrés, de résultats palpables et de retour sur investissement concret. 

De quoi convaincre un grand groupe de distribution : son interlocuteur interrompt la discussion pour réorienter l’entretien sur un poste plus ambitieux : celui de directeur sécurité et sûreté du groupe. « Nous avons échangé pendant plus de trois heures. Méthodes, objectifs, marges de progression… J’avais l’impression de déjà contribuer à leur feuille de route », ajoute Éric. 

l’envolée salariale inattendue. 

Après 7 entretiens (RH, directrice des opérations, président…), le verdict positif tombe. En négociant ses conditions, Éric obtient une voiture de fonction, la prise en charge de l’hôtel pendant trois mois et du télétravail à volonté. « Je tenais à améliorer mon confort de vie, en partie parce que je frôlais la soixantaine, concède-t-il. Mais nous n’avons jamais évoqué explicitement la notion d’âge : l’entreprise a simplement donné son feu vert. »

Si le salaire des profils seniors est considéré à 61% comme un frein à leur recrutement (d’après le baromètre Expectra des salaires cadres 2024/2025), force est de constater que certains employeurs savent considérer l’expérience et les compétences que peuvent apporter un profil expert. Éric a même négocié une hausse substantielle de salaire : « On me proposait déjà 20 % de plus que mon précédent salaire, ce qui était très correct. Mais face aux enjeux du poste, j’ai obtenu +35 %. Concrètement, je touche aujourd’hui 80 000 euros annuels sans compter les primes d’intéressement et les primes sur objectifs. Je n’avais jamais atteint un tel niveau de rémunération de toute ma carrière. »

un second souffle.  

Lorsqu’il prend ses nouvelles fonctions, Éric retrouve une sensation oubliée : l’excitation liée au renouveau — nouveaux objectifs, nouvelle équipe, nouveau quotidien. Malgré l’adrénaline, il demeure serein : «  J’étais sûr de pouvoir atteindre un minimum d’objectifs assez rapidement », confirme-t-il. Un parcours d’intégration particulièrement soigné vient nourrir son enthousiasme. Et même s’il fait partie des collaborateurs les plus âgés, sa détermination et son goût du résultat n’ont rien à envier aux plus jeunes. 

« Quand on est épanoui et reconnu dans son travail, on ne se voit pas vieillir  », rappelle d’ailleurs Dominique Méda, sociologue du travail, dans le dossier spécial « y’a pas d’âge » du baromètre des salaires Expectra 2024/2025.

l’état d’esprit n’a pas d’âge. 

Pour lui, « le fait d’avoir 59 ans, n’est pas un frein à un nouveau challenge. Seules la santé et la réalité du marché peuvent l’être ». Il estime d’ailleurs que la motivation n’est pas une affaire d’années : on l’a ou on ne l’a pas et elle ne se tarit pas subitement sous prétexte qu’on a passé la cinquantaine. « En revanche, la vertu de l’âge est de pouvoir accueillir les opportunités plus sereinement et de pouvoir capitaliser sur son expérience pour vendre son expertise », conclut-il. 

Preuve, s’il en fallait une, que la notion d’âge limite dans une carrière devrait être rangée au rayon des idées reçues. 

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Jeunes générations ou plus anciennes, les préjugés liés à l’âge ont (malheureusement) encore la dent dure dans le monde du travail. Ils circulent d’une génération à l’autre, sans barrière d’âge. Pour mieux comprendre ces stéréotypes et les déconstruire, découvrez notre article : il n’y a pas d’âge pour subir un regard stéréotypé. 

*Le prénom a été modifié par souci de confidentialité.