décarbonation de la supply chain : retour d’expérience.

#industrie #innovation

30 mai 2024

Créée en 1961 dans la région de Rouen, Sénalia est le leader européen de l’agro-logistique. Réunissant des coopératives et de négociants, l’entreprise s’est développée en misant sur ses trois activités phares : l’exportation de céréales, les services logistiques sur mesure et l’entreposage de marchandises. Accordant une grande importance à l’innovation et à la durabilité, Sénalia s’est naturellement intéressée à son empreinte carbone. De l’identification des leviers d’action à la stratégie de réduction de ses émissions, retour d’expérience sur la mise en œuvre stratégique de la  décarbonation de la supply chain, avec Gilles Kindelberger, directeur général de Sénalia.

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une coopérative pluridisciplinaire.

Le métier historique de Sénalia consiste à exporter des céréales qui leur sont confiées par les coopératives et négociants membres à des exportateurs. Forte d’une expérience éprouvée en agro-logistique, l’entreprise dispose actuellement d’espaces de stockage pouvant accueillir 650 000 tonnes de marchandises sur quatre sites de chargements. En complément de son activité historique, elle assure également la logistique d’agro-industries installées dans la région de Rouen depuis plus de trente ans. « Nous réceptionnons la matière première, la transformons puis l’expédions », explique Gilles Kindelberger. Depuis trois ans, l’entreprise s’est aussi dotée d’une troisième compétence : l’entreposage de marchandises dans de larges hubs (entrepôts). Un développement que son directeur général explique avant tout par la force de son réseau de sociétaires et la proactivité de ce dernier. Le groupe s’attache à proposer à ses coopératives adhérentes et à ses partenaires industriels des solutions innovantes qui répondent à la fois à leurs attentes fortes en matière de performance, mais également aux enjeux de l’urgence du changement climatique.

supply chain durable : réduire le transport de marchandises par camion grâce aux voies ferrées et fluviales.

« L’ensemble des activités d’exportation de céréales et de logistique agro-industrielle ne dépendent pas de nous, car ce sont les acheteurs et les vendeurs qui organisent le transport pour venir jusqu’à nos installations », rappelle Gilles Kindelberger. Toutefois, en constatant l’ampleur du transport en camion et de ses conséquences sur les émissions de gaz à effet de serre, l’entreprise a décidé d’agir à son échelle. « Il y a quinze ans, sur les 4,5 millions de tonnes de céréales que nous exportions par an, au moins 80 % arrivaient en camion. Le train et la péniche ne représentaient que les 20 % restants : 12 % pour la péniche et 8 % pour le train. Nous avons voulu transformer les usages et favoriser la transition en organisant nous-mêmes une partie du transport massifié », souligne le dirigeant. Pour cela, l’entreprise a conçu un système de navettes par train et péniche. 

Concrètement, les équipes Sénalia sont parties du constat que la voie ferrée jusqu’à Rouen était très peu utilisée et que les coopératives n’avaient individuellement pas de quantités suffisantes pour charger plusieurs trains par semaine. L’idée leur est alors venue d’affréter un train trois fois par semaine pour l’ensemble des coopératives. Gilles Kindelberger revient sur la phase de négociation : « Lorsque nous sommes allés à la rencontre de nos adhérents pour leur expliquer le projet, il n’a pas été simple de les convaincre : il existe naturellement une certaine compétition entre les coopératives. L’argument du prix a contribué à la réussite du projet. Lorsque le train est utilisé trois fois par semaine, le prix de location des wagons est divisé par trois… Des économies significatives pour les coopératives puisque cela représente une baisse de 2,5 euros par tonne en moyenne ».

La même stratégie a été appliquée au transport fluvial. Au confluent de la Seine, de l’Oise et de l’Aisne, Sénalia bénéficie d’un réseau fluvial important. En louant des péniches à l’année et en organisant des rotations avec régularité, l’entreprise a ainsi pu réduire le coût pour les coopératives, les incitant à opter davantage pour ce mode de transport qui génère moins de gaz à effet de serre que le camion. « Quand l’argument prix rejoint l’argument RSE, c’est en effet plus facile de convaincre les adhérents et de faire converger rentabilité et responsabilité ! » souligne le directeur général. 

La démarche a porté ses fruits puisque ce sont désormais 32 % du transport de marchandises qui sont effectués en péniche ; entre 10 et 12 % en train ; et le reste en camion (près de 50 %). Soit une réduction du transport par camion de 30 points de pourcentage. Des alternatives moins carbonées qui devraient voir leur part augmenter dans la chaîne d’approvisionnement au cours des années à venir !

S’il a fallu mobiliser la filière et convaincre les coopératives, la transition a nécessité des investissements majeurs. En augmentant de 20 points de pourcentage les flux de péniche, Sénalia a notamment dû investir dans de nouveaux moyens de déchargement performants, rénover des outils de chargement existants et investir dans l’automatisation. Au total, au cours des huit dernières années, le groupe a investi près de 61 millions d’euros. « Par ces investissements, par nos efforts de persuasion et les solutions que l’on développe en termes logistiques, nous sommes capables d’emmener les coopératives vers des modèles beaucoup plus résilients et davantage conformes aux attentes sociétales et aux impératifs environnementaux », s’enthousiasme Gilles Kindelberger.  

Après le transport, le deuxième poste émettant des quantités importantes de gaz à effet de serre chez Sénalia est l’énergie. Avec des installations électriques sur l’ensemble des élévateurs, la consommation énergétique de l’entreprise grimpe rapidement. La direction a alors cherché à mettre en place des solutions afin de réduire sa consommation et décarboner son mix énergétique. Parmi les projets phares en cours : l’installation d’une micro-ferme photovoltaïque permettant de contribuer à l’alimentation électrique d’un silo,le passage à un éclairage LED dans les silos et sur les quais de chargement et le changement de certains automates au profit de moteurs plus efficients.

 les acteurs de la supply chain appelés à agir conjointement.

Reste que Sénalia n’est qu’un maillon d’une chaîne de valeur plus large. Une part significative de la consommation d’énergies fossiles et d’émissions de gaz à effet de serre dans les chaînes d’approvisionnement industrielles et logistiques est attribuable au transport de marchandises par navires, circulant entre les différents continents… Activité sur laquelle l’entreprise n’a pas la main. Les différents acteurs de la supply chain – coopératives, armateurs, exportateurs et industriels – sont donc appelés à davantage collaborer et s’investir conjointement pour que la filière s’engage massivement dans des pratiques plus durables. Une analyse qui implique également de clarifier et spécifier les responsabilités de chacun sur chaque poste dans la réalisation de bilans carbone afin d’éviter les répétitions entre les statistiques des différentes parties prenantes. Ces données revêtent une importance cruciale pour définir une trajectoire et assurer une visibilité claire sur les progrès réalisés.

S’il reste évidemment un travail considérable à accomplir pour réduire les émissions carbone des chaînes d’approvisionnement dans le secteur industriel, cet exemple de décarbonation démontre l’importance des efforts à engager, en termes d’investissement aussi bien financiers qu’humains, mais aussi les progrès significatifs à la clé, essentiels à la pérennité des entreprises de la filière !

les métiers de la supply chain évoluent.

La supply chain évolue sous l’influence croissante des préoccupations environnementales et sociales, ainsi que des avancées technologiques, favorisant l’émergence de métiers tels que le responsable de la durabilité de la supply chain et le gestionnaire de risques environnementaux. 

Parallèlement, le digital et l’intelligence artificielle (IA) révolutionnent le secteur avec des technologies comme le machine learning, la blockchain et l’Internet des Objets (IoT), optimisant la gestion des stocks et la traçabilité des produits. Cela crée des besoins pour des spécialistes tels que le data analyst et l’expert en cybersécurité de la chaîne d’approvisionnement. 

Pour répondre à ces besoins, les formations initiales évoluent. De nombreuses institutions (universités et écoles de commerce) intègrent ces composantes dans leurs programmes dédiés à la supply chain. C’est le cas, par exemple, du programme Supply Chain de Neoma Business School (master of Science in Supply Chain Management) qui met l’accent sur l’utilisation des systèmes d’information dans la chaîne d’approvisionnement. 

Du côté des professionnels déjà en poste, l’accent est mis sur l’upskilling, en référence aux formations destinées à actualiser les compétences existantes. Ainsi, les collaborateurs ne se laissent pas dépasser par les nouveaux outils utilisés dans les métiers de la Supply chain. Pour les industriels, c’est une bonne façon de retenir les talents qui les accompagne tout en leur permettant de mettre à jour leurs connaissances. Ainsi de plus en plus d’entreprises se tournent vers des formations inter ou intra-entreprise pour permettre à leurs collaborateurs de réactualiser leurs savoirs-faire à la lumière des nouvelles pratiques.

À cet égard, les universités et instituts de formation déploient de plus en plus de programmes dédiés aux aspects de durabilité ou de digitalisation de la Supply chain. C’est le cas par exemple du Master “Supply Chain Internationale”, proposé par Paris Dauphine Executive Education, qui forme notamment les professionnels aux systèmes d’informations liés au pilotage des flux (APS, ERP, Outils d’optimisation, etc.)

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