industrie pharmaceutique : où en est-on de la relocalisation des chaînes d’approvisionnement du médicament en france ?
27 juin 2024
L’industrie pharmaceutique française est en pleine mutation. Depuis l’annonce du Plan France 2030 en juin 2023, le Gouvernement œuvre à la relocalisation des chaînes d’approvisionnement afin de se prémunir des risques de pénurie de médicaments. Quelles sont les actualités de ce secteur éminemment stratégique et leurs répercussions sur l’emploi en France ? Où en est-on du volet « reconquête sanitaire » du Plan France 2030 ? Pour offrir une analyse approfondie, nous avons interviewé Cyril Tesson, Manager senior, expert Life Sciences chez Expectra. Décryptage des perspectives, défis et opportunités de cette transformation cruciale.
- dans quel contexte la stratégie gouvernementale de relocalisation des chaînes de production de l’industrie pharmaceutique s’inscrit-elle ?
- en quoi le volet « reconquête sanitaire » du plan France 2030 consiste-t-il ?
- où en est-on du plan France 2030 ?
- à quels défis le secteur pharmaceutique doit-il faire face dans ce processus de relocalisation ?
- quels sont les impacts pour les entreprises du secteur en matière d’emploi ?
- comment la branche Expectra Life Sciences accompagne-t-elle les entreprises du secteur sur ces enjeux de recrutement ?
dans quel contexte la stratégie gouvernementale de relocalisation des chaînes de production de l’industrie pharmaceutique s’inscrit-elle ?
La crise du covid-19 a mis en évidence un défaut d’industrialisation des médicaments en France et une dépendance nationale aux importations industrielles, en particulier venues d’Asie.
Aujourd’hui, 40 % des médicaments commercialisés dans l’Union européenne proviennent des pays tiers, tandis que 60 % à 80 % des principes actifs pharmaceutiques sont produits en Chine et en Inde.
Alors que de nombreux médicaments essentiels ne sont pas ou plus fabriqués en Europe, les pénuries sont de plus en plus fréquentes. Or, l’enjeu est de taille, car il ne s’agit évidemment pas d’un produit comme les autres ! En 2023, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a enregistré 4 925 déclarations de ruptures de stock (ou risques de ruptures), contre 3 761 en 2022 et 2 160 en 2021. Une augmentation record qui confirme la tendance : les risques de pénurie bondissent. En témoigne la pénurie de paracétamol qui a fait la Une des actualités en 2022.
En réponse à cette situation, le Gouvernement a fait de la relocalisation de la production pharmaceutique l’une des priorités de France 2030, son plan de relance pour accélérer la réindustrialisation et réduire la dépendance nationale aux importations.
en quoi le volet « reconquête sanitaire » du plan France 2030 consiste-t-il ?
L’objectif premier est d’accélérer la relocalisation de la production de médicaments essentiels sur le territoire. Pour renforcer les capacités industrielles et sanitaires, le Gouvernement a dévoilé en juin 2023 une cinquantaine de médicaments considérés comme « essentiels », dont l’approvisionnement dépend fortement des importations et d’un nombre limité de ressources.
Le Gouvernement a précisé que « la moitié des médicaments identifiés comme essentiels verra sa production relocalisée augmenter significativement en France d’ici à 2030 ».
Le plan de lutte contre les pénuries de médicaments a été déployé autour de quatre objectifs :
- mieux anticiper les besoins sanitaires
- améliorer la disponibilité des médicaments
- sécuriser les approvisionnements en relocalisant la production
- améliorer l’information et la transparence du circuit d’approvisionnement
où en est-on du plan France 2030 ?
Le plan avance bien puisqu’à ce jour, la cinquantaine de médicaments ayant été identifiés comme « essentiels » font l’objet d’une stratégie de relocalisation d’au moins une partie de la production. C’est le cas notamment du paracétamol et de l’insuline. Exemple emblématique : la première usine européenne de paracétamol « 100 % français » va voir le jour en 2025 dans la région de Toulouse. Porté par le groupe Ipsophène, le projet est ambitieux et prévoit de produire 4 000 tonnes de paracétamol par an.
Quant au groupe Novo Nordisk, il va investir plus de deux milliards d’euros pour étendre son site de production de Chartes, spécialisé dans la production de cartouches et flacons d’insuline. Le laboratoire danois prévoit de doubler la superficie de son usine et de créer plus de 500 nouveaux emplois.
Parallèlement à ces investissements déjà lancés, le ministère de la Santé travaille à l’élaboration d’une liste de 300 médicaments essentiels sur lesquels les efforts de relocalisation se porteront en priorité.
à quels défis le secteur pharmaceutique doit-il faire face dans ce processus de relocalisation ?
La relocalisation des chaînes d’approvisionnement de l’industrie pharmaceutique fait face à des obstacles et des défis de grande ampleur.
D’une part, la création de sites de production pharmaceutiques nécessite de repartir de zéro, car il faut réindustrialiser la production de médicaments déjà connus et fabriqués autrefois en France, mais désormais produits ailleurs. Cela implique de devoir reconstruire des usines, développer des machines et s’assurer de la disponibilité des connaissances techniques en France, ce qui est particulièrement chronophage. Planifiée en 2023, la relocalisation verra ainsi les premières usines opérationnelles à partir de 2025.
Ensuite, il faut recruter pour pouvoir faire fonctionner ces nouveaux sites de production. Or, le secteur pharmaceutique requiert des compétences très spécialisées qui n’existent pas dans d’autres industries. Études cliniques, pharmacovigilance, affaires réglementaires, compliance ou toxicologie sont autant d’exemples de métiers très recherchés qui nécessitent des profils spécialisés (généralement avec des diplômes d’ingénieurs et de docteurs en pharmacie).
quels sont les impacts pour les entreprises du secteur en matière d’emploi ?
Il y a une nécessité de recruter et de former des personnes qualifiées, que ce soit pour la production, la recherche et développement (R&D) ou les « fonctions support » y compris pour les opérateurs de premier niveau comme les conducteurs de lignes de conditionnement, etc. Les formations sont longues et spécifiques en raison des exigences strictes d’hygiène et de traçabilité inhérentes au secteur pharmaceutique.
Ainsi, l’une des grandes difficultés que rencontrent les industriels aujourd’hui est de recruter des profils qualifiés et compétents et de prendre le temps de les former. À cet égard, l’alternance joue un rôle clé pour permettre à la filière de former massivement des nouveaux experts et de recruter des talents rapidement opérationnels. Le secteur avait pris un engagement de former 8 000 alternants de 2021 à 2025.
En 2022, 9 600 alternants avaient déjà été formés. Un succès rapide rendu possible grâce aux aides du Gouvernement.
L’intérêt de communiquer sur cet axe du plan France 2030 est peut-être de faire naître quelques vocations, en tout cas où d’attirer des candidats dans ce secteur qui est finalement assez peu connu.
L’industrie pharmaceutique offre de nombreux débouchés et permet de toucher à une multitude de métiers tels que la R&D, le réglementaire, la production, la qualité et la logistique. Cette diversité rend le secteur particulièrement attractif pour les ingénieurs, pharmaciens et techniciens spécialisés.
Il est à noter que l’on parle plus souvent des carrières de pharmaciens en officine qu’en industrie. Pourtant, l’officine attire quasiment le même nombre d’étudiants que l’industrie : 44 % pour l’officine et 40 % d’étudiants pour l’industrie en 2021.
Les carrières dans l’industrie pharmaceutique présentent d’importants atouts pour les ingénieurs et les docteurs en pharmacie, offrant de nombreuses opportunités de mobilité en France et à l’international.
Nous observons que de nombreux professionnels font le choix de poursuivre une longue carrière dans l’industrie pharmaceutique tout en évoluant au sein de différentes entreprises et postes variés, ce qui témoigne de la richesse des parcours possibles dans ce secteur.
Par ailleurs, l’industrie du médicament exerce des effets d’entraînements intéressants sur d’autres industries. Le Leem précise ainsi que « l’industrie pharmaceutique tend à densifier ses relations avec ses secteurs fournisseurs [filières industrielles produisant les matières premières qui composent les médicaments et dispositifs médicaux]. Elle est même, parmi l’ensemble des branches de l’industrie manufacturière, celle qui a le plus accru sa capacité d’impulsion sur son environnement entre 2000 et 2010 ». Nous pouvons donc résolument espérer un regain d’activité sur l’ensemble des secteurs liés à l’industrie pharmaceutique.
comment la branche expectra life sciences accompagne-t-elle les entreprises du secteur sur ces enjeux de recrutement ?
Expectra Life Sciences accompagne ses clients dans leurs besoins de recrutement grâce à des consultants spécialisés. Nos consultants possèdent une connaissance approfondie des métiers, des fiches de postes, de l’environnement et des spécificités du secteur. Ils entretiennent un réseau solide sur lequel orienter leurs recherches, ce qui leur permet d’identifier facilement les bons candidats.
Qu’ils s’agissent de pharmaciens, de techniciens de laboratoires, de toxicologue ou d’experts en affaires réglementaires… les consultants Expectra sont en veille permanente pour identifier des candidats qualifiés.
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