quels sont les nouveaux métiers de l’industrie verte ?
3 mai 2024
Urgence climatique, loi industrie verte, évolution de la réglementation européenne… Le paysage industriel français évolue, et avec lui les compétences requises sur les métiers verts et verdissants. Décryptage.
- industrie verte : de quoi parle-t-on ?
- quelles sont les professions vertes et verdissantes qui recrutent pour participer à la transition écologique ?
- une évolution des formations.
industrie verte : de quoi parle-t-on ?
Promulguée le 23 octobre 2023, la loi « Industrie verte » s’inscrit dans la tendance de fond de la transition écologique amorcée depuis les années soixante-dix. Le texte de loi poursuit à la fois des objectifs environnementaux et économiques. C’est dans une perspective de respect de l’environnement et de décarbonation que l’État entend réindustrialiser la France pour la positionner comme « leader sur les technologies vertes », avec une baisse de 41 millions de tonnes d’équivalent CO2 attendue d’ici à 2030. Un double objectif qui nécessite la création de postes verts et la formation des cadres actuels et de demain à ces nouveaux enjeux.
Les conséquences sont directes sur le paysage structurel des entreprises françaises ainsi que les marchés du travail et de la formation. Les entreprises sont confrontées à la nécessité de recruter de nouveaux profils et d’accompagner l’évolution de leurs équipes vers le verdissement de leurs activités, avec en ligne de mire le durcissement de la réglementation européenne, notamment en matière de reporting, avec la directive européenne Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), applicable depuis le 1er janvier 2024 aux grandes entreprises et PME cotées en bourse.
quelles sont les professions vertes et verdissantes qui recrutent pour participer à la transition écologique ?
quels sont les différents emplois verts et verdissants ?
On distingue deux catégories de métiers liés aux enjeux de durabilité.
D’abord, les métiers verts. Ils intègrent une finalité ainsi que des compétences qui contribuent à la gestion des risques industriels et à l’atténuation des dommages sur l’environnement. Au sein de ces nouveaux métiers coexistent trois catégories : les emplois pour protéger le patrimoine naturel, ceux pour traiter les déchets et l’eau et les métiers de l’hygiène, de la sécurité et du contrôle. Parmi les métiers verts émergeants, nous pouvons notamment citer l’ingénieur en énergies renouvelables, le conseiller ou consultant en développement durable, le spécialiste de la réhabilitation des écosystèmes et le technicien en agriculture biologique urbaine.
Ensuite, les métiers verdissants : ils n’incluent pas de finalité environnementale, mais mobilisent des briques de compétences destinées à tenir compte des enjeux environnementaux et de la protection de la nature dans leurs gestes métier pour éviter les impacts négatif.
Très concrètement, pour répondre aux exigences de la transition énergétique, de nombreuses entreprises, tous secteurs confondus, sont amenées à solliciter des experts des métiers verts ou verdissants pour des missions spécifiques telles que l’installation de panneaux solaires, le déploiement de fermes éoliennes offshore, ou encore la mise en place de systèmes de gestion de l’eau durable. Ces interventions nécessitent des compétences spécialisées pour intégrer efficacement les technologies propres dans les infrastructures existantes.
liste des métiers d’ingénierie, et des profils R&D et HSE particulièrement concernés.
Si la loi « Industrie verte » encourage les acteurs économiques à la création d’environ un million de postes supplémentaires à l’horizon 2050, la transition écologique crée de nouveaux métiers, mais contribue surtout à faire évoluer les métiers existants. Dès 2022, l’Apec identifiait déjà dix-sept métiers cadres dits « verts », applicables aux divers domaines industriels du biogaz, bio-méthane, et des technologies de réseaux électriques par exemple.
Parmi ces libellés de professions, on trouve notamment certains métiers traditionnels comme :
- Hydraulicien
- Ingénieur d’études environnement
- Ingénieur d’études réseaux d’énergie
- Ingénieur en biotechnologies
- Ingénieur énergies
- Ingénieur en efficacité énergétique
- Ingénieur énergies renouvelables
-
Hygiène, sécurité et environnement (HSE) :
- Directeur de développement durable
- Directeur QHSE
- Ingénieur HSE
- Responsable HSE
- Chef de projet sites et sols pollués F/H
La France se donne pour objectif de combler le déficit actuel de 54 000 postes d’ingénieurs, à horizon 2030. Les profils d’ingénieurs de l’industrie verte n’en constituent bien entendu qu’une partie. Les taux de recrutement dans le secteur industriel sont appelés à croître. À titre de comparaison, en 2020, les offres d’emploi dans le secteur industriel ne représentaient que 12 % des « 20 600 offres d’emploi concernant les métiers verts et 381 700 concernant les métiers verdissants ». Force était alors de constater que « les offres d’emploi étaient majoritairement en CDD dans les métiers verts (53 %), elles étaient davantage en CDI (46 %) et en intérim (27 %) dans les métiers verdissants ».
Côté compétences, les entreprises sont donc à la recherche de profils techniques. À ce prérequis incontournable s’ajoutent des compétences réglementaires afin de maîtriser le cadre et le contexte dans lequel l’entreprise est amenée à évoluer dans les années à venir.
une évolution des formations.
Former : c’est l’une des ambitions phares du texte de loi sur l’industrie verte. Au niveau national, l’État entend « remettre l’industrie au cœur des formations et renforcer son attractivité ». Pour ce faire, le but est de former et diplômer 5 000 ingénieurs chaque année d’ici à 2030. Comment ? 700 millions d’euros permettront donc d’aligner le contenu des programmes des organismes de formation avec les objectifs de réindustrialisation nationaux. De même, l’inclusion de thématiques telles que le verdissement et la décarbonation familiariseront les étudiants avec les besoins des entreprises. Cette maîtrise des enjeux techniques et environnementaux facilitera l’insertion des diplômés dans leur futur environnement de travail.
Concrètement ? L’Institut Mines-Télécom (IMT) a par exemple renforcé son offre de formation sur les enjeux de l’économie verte et prévoit ainsi d’accueillir 2 300 étudiants supplémentaires d’ici à 2027. L’IMT Alès propose quant à lui douze parcours dans le cadre du domaine d’excellence Environnement, énergie et risques. Son objectif ? Permettre aux futurs ingénieurs d’analyser le fonctionnement de systèmes complexes pour en maîtriser les risques. Preuve en est, l’école permet de sélectionner des options de formation en complément du parcours d’ingénieur généraliste, telles que « Ingénierie de l’environnement et de l’énergie » ou « Ingénierie des risques majeurs ».
Autre exemple, l’École des transitions écologiques du Conservatoire national des arts et métiers propose à ses étudiants de choisir parmi les trente-cinq parcours et cinquante unités d’enseignement pour se construire un programme de formation à la carte. Le Cnam adapte ainsi ses contenus aux enjeux environnementaux et prépare ses étudiants à la demande des entreprises qu’ils intègreront plus tard.
Qu’en est-il de la formation des ingénieurs cadres en activité ? En 2023, Syntec-Ingénierie, première organisation professionnelle de l’ingénierie, a signé l’accord-cadre « Climat et Métiers de l’Ingénierie » avec l’État. Le but est de renforcer les offres de formation que les entreprises vertes proposent en interne à leurs employés afin de faire évoluer leurs compétences, verdir leurs pratiques et préserver les ressources naturelles.
Du côté des entreprises, il apparaît essentiel de proposer des modules de formation spécifiques aux cadres déjà en poste qui n’ont pas bénéficié d’une formation initiale intégrant les enjeux du développement durable. Ces programmes peuvent être dispensés sous forme de webinaires, d’ateliers pratiques, et de séminaires dirigés par des experts du secteur. L’accent doit être mis sur l’intégration des principes de durabilité dans les processus de conception et de production existants. Encourager la participation à des projets pilotes et des collaborations intersectorielles peut également fournir une expérience concrète et valoriser l’apprentissage par l’action.
L’industrie verte est donc désormais une réalité, entraînant avec elle une évolution significative du paysage des formations et des postes à pourvoir dans ce secteur d’avenir dans les prochaines années. Une évolution nécessaire pour remplir les objectifs relatifs à la lutte contre le changement climatique et soutenir l’économie verte.
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