réchauffement climatique : les stratégies d’adaptation des entreprises de l’industrie en France.

#industrie #innovation

5 décembre 2024

Le climat change et va continuer de changer : le réchauffement attendu est de +2 °C en 2030 et +4 °C à la fin du siècle en France. Conséquence directe qui se fait déjà ressentir : les aléas climatiques s’intensifient et se multiplient. Face à l’urgence de ralentir ce mouvement et pour se conformer aux nouvelles réglementations, les entreprises doivent s’adapter en réduisant leur impact environnemental et en décarbonant leurs processus de production. L’industrie joue un rôle crucial dans cette transition, car il lui revient de produire les outils nécessaires à sa propre décarbonation ainsi qu’à celle d’autres secteurs.

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la nécessité de s’adapter au changement climatique.

un cadre législatif de plus en plus contraignant.

La transition climatique s’accompagne d’un mille-feuille réglementaire. En Europe, les Accords de Paris ont fixé des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, tandis que la loi Climat et Résilience impose aux entreprises françaises une transformation progressive de leurs modes de production. Dans son prolongement, la loi ZAN (zéro artificialisation nette) a été votée pour limiter l’artificialisation des sols. En obligeant les entreprises à compenser l’utilisation de nouvelles surfaces par des opérations de renaturation, cette loi induit un changement profond dans les projets de développement industriels.

Parallèlement aux obligations réglementaires, les entreprises de l’industrie font face à une évolution des attentes : les consommateurs finaux exigent des produits plus durables, tandis que les partenaires industriels et commerciaux réclament des chaînes d’approvisionnement plus vertes, conformément à leur propre trajectoire bas-carbone. 

les risques économiques du changement climatique.

Le changement climatique se traduit déjà concrètement par une intensification des phénomènes extrêmes comme les canicules, les inondations et les sécheresses, bouleversant les chaînes de production et d’approvisionnement. Les entreprises dont les infrastructures sont exposées à ces risques doivent faire face à une hausse des coûts liés à la prévention et à la gestion des risques, voire à des interruptions d’activité. Le coût des sinistres climatiques est estimé à 10,6 milliards d’euros pour la seule année 2022 en France, contre 3,6 milliards d’euros en moyenne annuelle sur la décennie 2011-2021.

L’année 2022 illustre parfaitement cette vulnérabilité climatique avec la production de moutarde de Dijon. À la suite d’une sécheresse historique au Canada, premier producteur mondial de graines de moutarde, les récoltes ont chuté de 28%. Cette pénurie a entraîné une flambée du prix des graines de moutarde. Les fabricants français, qui importent une grande majorité de leurs graines du Canada, ont vu leurs coûts de production grimper et leurs stocks s’amenuiser, conduisant à une rupture d’approvisionnement considérable en 2022. Pour s’adapter et sécuriser leurs approvisionnements futurs, les industriels de la moutarde de Dijon investissent désormais dans le développement de cultures locales en Bourgogne. 

Par ailleurs, la hausse des prix de l’énergie incite les entreprises à repenser leur approvisionnement et consommation. Celles qui ne s’adaptent pas rapidement risquent de voir leur rentabilité diminuer face à une concurrence qui mise sur des solutions énergétiques moins coûteuses et plus durables. 

Les entreprises industrielles ont donc tout intérêt à investir dans des énergies plus vertes et à optimiser leurs processus de production pour réduire leur consommation énergétique. Celles qui sauront anticiper ces changements tireront un avantage compétitif, malgré les investissements nécessaires en infrastructures et compétences. 

quelles sont les principales mesures d’adaptation des industriels au changement climatique ? bonnes pratiques et exemples concrets.

réduction de l’empreinte carbone : vers une industrie décarbonée.

La réduction des émissions de CO2 est une priorité pour de nombreux secteurs industriels. À cet égard, l’Ademe a développé la méthode Assessing low-Carbon Transition (ACT), qui permet d’évaluer l’alignement de la stratégie d’une entreprise par rapport à une trajectoire de décarbonation adaptée à ses activités et à son secteur.

Dans les faits, on observe que les entreprises industrielles misent sur les énergies renouvelables pour améliorer leur efficacité énergétique et limiter leur dépendance aux énergies fossiles. Par exemple, ArcelorMittal a annoncé un projet de DRI (Direct reduction of iron, ou Réduction directe du fer) en France, Allemagne, Belgique, Espagne et Canada. Le gaz naturel, et bientôt l’hydrogène décarboné, tiendront le rôle d’agent réducteur. Avec cette stratégie, combinée à la hausse du recyclage de l’acier et au captage du C02 résiduel, ArcelorMittal ambitionne de réduire ses émissions de CO2 de 35 % d’ici à 2030.

La transformation de la logistique constitue un autre levier majeur de décarbonation. Par exemple, Sénalia, leader européen de l’agro-logistique, a réduit de 30 points la part du transport routier en 15 ans, passant de 80 % à 50 % des acheminements, au profit du transport fluvial et ferroviaire. Cette transformation a nécessité des investissements importants, notamment dans l’automatisation et la rénovation des installations. Au-delà de l’impact environnemental positif, cette stratégie a permis de réduire les coûts de transport de 2,5 euros par tonne en moyenne. 

optimisation des ressources : l’économie circulaire au cœur des stratégies d’adaptation.

L’économie circulaire, qui prône la réutilisation des ressources et la minimisation des déchets, est un levier essentiel pour les industriels. La gestion intelligente des ressources permet non seulement de limiter l’empreinte écologique, mais encore de réaliser des économies et de s’orienter vers un modèle économique plus résilient. Par exemple, dans le secteur de la mode et maroquinerie, LVMH a mis en place une plateforme d’économie circulaire, Nona Source, pour valoriser les matériaux non utilisés de ses collections précédentes. Cette démarche permet de réduire les déchets et de créer une nouvelle offre pour les créateurs émergents.

réduction de l’empreinte carbone : vers une industrie décarbonée.

De nombreuses entreprises se tournent vers des technologies propres pour améliorer leur performance environnementale. Dans l’industrie aéronautique, Airbus, développe un avion zéro émission fonctionnant à l’hydrogène, avec pour objectif de le commercialiser d’ici à 2035. Dans le domaine de l’énergie, EDF travaille sur le déploiement de petits réacteurs modulaires (SMR) en France. Ces derniers devraient permettre de compléter les grands réacteurs nucléaires en fournissant une énergie décarbonée et adaptée aux besoins industriels régionaux. Ce projet, soutenu par le gouvernement dans le cadre du plan France 2030, devrait permettre de renforcer la sécurité énergétique tout en réduisant l’empreinte carbone de l’industrie. 

En parallèle, les industriels optimisent leurs infrastructures pour réduire leur consommation de ressources. L’eau est désormais recyclée en circuit fermé dans de nombreux sites de production. Sur le plan énergétique, les sites industriels se dotent de systèmes de récupération de chaleur fatale, de cogénération et de réseaux intelligents pour optimiser la distribution d’énergie entre leurs différentes unités. La digitalisation joue un rôle clé avec l’installation de capteurs IoT qui permettent un pilotage en temps réel des consommations. Ces investissements dans l’efficacité énergétique et hydrique se révèlent d’autant plus stratégiques dans un contexte de hausse des coûts des ressources et de stress hydrique croissant.

la préservation de la biodiversité.

Au-delà des enjeux de décarbonation, la préservation de la biodiversité devient un axe stratégique pour les entreprises de l’industrie qui sont de plus en plus incitées à intégrer des pratiques visant à préserver les espèces sur les zones de production, restaurer des habitats naturels ou à promouvoir des filières durables. Par exemple, La Phocéenne de Cosmétique, avec sa marque Le Petit Olivier, a créé en 2023, une pépinière agroécologique combinant reboisement d’arganiers et plantes aromatiques médicinales, favorisant ainsi la restauration de la biodiversité et l’attraction des pollinisateurs​.

quels sont les nouveaux métiers et compétences qui émergent pour soutenir cette transition ?

les nouvelles compétences recherchées.

La transition climatique entraîne une transformation des emplois dans l’industrie, avec l’émergence de nouveaux métiers. L’économie circulaire et la gestion durable des ressources donnent naissance à de nouveaux postes tels que responsable de la valorisation des déchets ou consultant en économie circulaire.

Les compétences recherchées évoluent également. L’ingénierie verte devient indispensable, avec une demande croissante pour des ingénieurs méthodes ou ingénieurs process spécialisés dans les procédés ou technologies durables, capables de concevoir des organisations ou solutions plus respectueuses de l’environnement. Par ailleurs, les compétences associées à la gestion des risques climatiques est cruciale pour anticiper les impacts environnementaux sur les infrastructures et les chaînes de production.

les impacts sectoriels.

D’un point de vue sectoriel, la transition écologique implique un rebond de l’activité dans certaines filières industrielles qui recrutent alors massivement. Les énergies renouvelables et le nucléaire en sont de très bons exemples. Le besoin de techniciens en maintenance des parcs éoliens ou de spécialistes en sûreté nucléaire s’accroît. Ainsi, en France, le secteur nucléaire prévoit de recruter entre 10 000 et 15 000 personnes par an d’ici à 2033​​. Ces transformations impliquent des formations spécifiques et un développement continu des compétences pour accompagner l’évolution des métiers vers une industrie plus verte et durable.

L’industrie mondiale, pilier de l’économie, est à l’aube d’une transformation radicale imposée par la crise climatique. Les entreprises industrielles doivent repenser leurs stratégies et leurs processus ainsi qu’intégrer de nouvelles compétences pour prendre part à la transition écologique. Les enjeux sont multiples : survie économique, maintien de la compétitivité et réduction de leur impact environnemental. 

expectra, partenaire des industries en transition.

Expectra accompagne les industriels dans leurs parcours d’adaptation en recrutant des talents spécialisés. Grâce à son expertise, Expectra aide les entreprises à trouver des profils compétents en ingénierie verte, économie circulaire et gestion des risques climatiques, contribuant ainsi à trouver des solutions d’adaptation face aux enjeux environnementaux.

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