De l’utilité des séminaires d’entreprise
20 novembre 2012
Moment incontournable dans la vie de l’entreprise, le séminaire a bien changé. Sur le fond et sur la forme.
Les classiques conventions annuelles, où tous les collaborateurs sont invités, existent toujours. Mais elles cohabitent avec des rendez-vous en comité plus restreint, dont la finalité est tout autre.
La parole aux salariés
Durant la décennie suivante, les premiers ateliers de travail thématiques ont timidement fait leur apparition dans les conventions d’entreprise, avant que ne déferle la vague du team building au début des années 90.
Pierre Cauvin compare ces séminaires team building à une « forme de retraite ».
Pour le fondateur du cabinet Osiris Conseil et auteur du livre La cohésion des équipes, il s’agit de « prendre du recul afin de créer une bulle pour observer le quotidien de l’entreprise. L’activité proposée aide l’équipe à se souder, l’objectif étant de mieux se connaître dans un contexte différent. »
Avec l’espoir que cette harmonie événementielle se diffuse dans les relations et les process de travail.« Au-delà de l’aspect parfois ludique, ces séminaires restent sérieux. L’équipe est là pour analyser son mode de fonctionnement et l’améliorer », souligne le consultant en management.
Perte de sens
Séduisante sur le papier, concluante à bien des égards, la formule a été quelque peu galvaudée. Profitant de l’effet de mode, des prestataires ont collé l’étiquette team building sur des activités diverses et variées. Raid en 4×4 dans le Sahara, stage commando en Corse, saut à l’élastique dans le Verdon, la dimension festive a pris le dessus sur la finalité managériale. Certaines de ces activités se sont d’ailleurs avérées contre-productives.
Fini donc le team building tarte à la crème. Les entreprises veulent des résultats et du retour sur investissement.« Ce n’est plus l’activité en tant que telle qui prime, c’est ce qu’on en fait. C’est-à-dire la problématique qu’elle permet d’aborder et l’impact qu’elle peut avoir dans la durée », indique Marc Rousse.
À inscrire dans la durée
Mais pour qu’une opération team building porte ses fruits, « il faut que l’objectif soit clair, identifié et atteignable », affirme Pierre Cauvin, qui recommande aux dirigeants de s’impliquer et de s’investir dans la démarche.« S’ils ne sont pas convaincus, ou si on est dans le one shot, cela ne sert pas à grand chose », admet le consultant. « Autrement, le séminaire se transformera en bureau des pleurs ».
Autre point à prendre en compte, les idées qui jaillissent des ateliers de travail ne doivent pas rester lettre morte. « Il faut s’efforcer de les appliquer, sinon les collaborateurs auront le sentiment d’avoir perdu leur temps », signale Marc Rousse.
Le séminaire est un temps fort, poursuit-il. Mais il faut le faire vivre dans la durée, en faisant régulièrement des piqûres de rappel ».
De l’autre côté, les collaborateurs doivent eux aussi « jouer le jeu », prévient Patrick Gilbert, qui conseille aux salariés de « doser leur présence », ni trop en avant, ni trop en recul. « Une activité de team building n’est jamais innocente », rappelle-t-il.
Un employé peut-il y perdre des points ? Marc Rousse ne croit pas, qu’un séminaire serve à juger les gens. « Il vaut mieux se demander ce qu’on peut en retirer de concret. »Pierre Cauvin pense également que les managers sont plutôt animés de bonnes intentions, «mais il ne faut pas non plus être naïf et jouer les enfants de chur. On reste dans un cadre professionnel et les collègues sont aussi des concurrents. »
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