Faut-il mettre de l’affect dans le management ?
10 février 2021
Joie, tristesse, colère, bienveillance, empathie… Les managers doivent-ils laisser leurs sentiments au placard pour conserver une part de neutralité ou au contraire l’intelligence émotionnelle est-elle un allié indispensable pour réussir son management ? Deux managers ont accepté de répondre à cette question cruciale.
Oui, l’émotion permet de faciliter l’adhésion des collaborateurs à un projet
« Il est essentiel de mettre de l’empathie dans son management et de savoir écouter pour mieux connaître et comprendre les attentes et besoins de chaque collaborateur », Christian Guillarme, manager chez KEM ONE
Christian Guillarme, responsable d’un bureau d’études chez KEM ONE spécialisé dans l’industrie chimique, manage actuellement une équipe de 6 personnes en hiérarchie directe. Il pratique également du management dit « transverse » via les différents projets qu’il gère.
Pour ce professionnel qui compte à son actif une quinzaine d’années d’expériences dans le management, cette problématique ne se posait pas à ses débuts. « Le management d’équipe était alors très directif et on laissait peu de place aux relations humaines dans le management. Ainsi à l’époque les cadres et le personnel ne se mélangeaient pas à la cantine et avaient des horaires de repas décalés ».
Ce changement de paradigme aura été aussi bénéfique à l’entreprise, qu’aux managers et aux managés car il a permis de faciliter à la fois les rapports entre les différents interlocuteurs, mais aussi d’optimiser la productivité et l’efficacité du collectif. Pour lui, l’affect est important pour manager une équipe car une relation hiérarchique ne peut se réduire à un contrat entre des personnes.
« Il faut au contraire tenir compte de l’état d’esprit de son interlocuteur pour l’amener dans un projet commun et le motiver. Je prône un management bienveillant et estime qu’un manager doit adapter sa communication à l’émotionnel de son interlocuteur ».
D’ailleurs, lorsqu’il rencontre des difficultés avec l’un des membres de son équipe, le manager cherche à savoir si ce dernier rencontre des difficultés en dehors du contexte professionnel. « Dernièrement, l’un de mes collaborateurs avait perdu confiance en lui suite à des problèmes de santé, une fois cette difficulté évoquée, tout est rapidement rentré dans l’ordre et sa productivité a été meilleure ».
Ces modes de management basés sur l’affect et l’empathie ne sont pas pour autant l’apanage de tous les managers.
Non, le management et les états d’âme ne font pas bon ménage.
« Lors de ma première expérience d’entrepreneur, j’ai mis beaucoup d’affect. Je me suis rendu compte que cette posture m’avait plusieurs fois desservie », Fabien Clouet, manager d’équipe conseil chez Cerfrance Alliance Centre.
Au contraire, pour Fabien Clouet, le supérieur hiérarchique doit dépasser le management affectif. Anciennement dirigeant d’entreprise d’une quinzaine de personnes, ce dernier gère aujourd’hui une équipe de 10 collaborateurs au sein de Cerfrance Alliance Centre.
Son expérience lui a prouvé que les émotions et les relations de proximité pouvaient altérer son jugement.
« Lors de mes expériences précédentes, le fait d’être trop proche de mes salariés a altéré mon jugement par rapport aux objectifs fixés et j’ai eu trop souvent tendance à leur trouver des excuses là où je n’aurais pas dû. L’affect m’a empêché de leur dire clairement ce que je pensais de leur travail », explique Fabien Clouet.
Bien sûr, un manager peut avoir de l’empathie et de la compréhension pour accompagner ses collaborateurs. En revanche, il ne doit pas mettre de l’affect et des émotions dans ses relations.
« Pour grandir et se structurer, une entreprise doit être guidée par rapport à des objectifs fixés et un cadre de travail, et non par rapport aux relations affectives. »
Pour le manager, une relation affective ne doit pas venir empiéter sur la relation de travail. Les pratiques managériales doivent pouvoir donner du sens au travail et à la mission de chaque collaborateur, sans pour autant rentrer dans des zones d’affect.
« Aujourd’hui, je mets l’affect de côté et je me contente de manager mon équipe par rapport aux objectifs et aux missions qui sont fixés par l’entreprise. Il est important de poser un cadre de travail, de lui donner un sens et de rester pragmatique dans sa manière de gérer les collaborateurs ».
Entre pragmatisme et affect, votre coeur balance ? Tout est question d’équilibre et de dosage. Si l’écoute et l’affect sont propices au bien-être des collaborateurs, des objectifs concrets et atteignables sont sources de motivation. Pour créer des moments de convivialité et nouer des liens affectifs, n’hésitez pas à miser sur des événements de type team building (séminaires, journées festives, afterworks…).
Et plus encore ?
Dans le contexte actuel, il est plus important que jamais d’instaurer un climat de confiance et de maintenir un lien avec les équipes. Retrouvez nos conseils pour communiquer en entreprise à l’heure de la distanciation.
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