comment serons-nous payés demain ?

• la pratique de l’acompte s’étend. 
• une meilleure redistribution des bénéfices.
• une rémunération de plus en plus personnalisée.
• être payé en cryptomonnaie. 

la pratique de l’acompte s’étend. 

Plus d’un Français sur deux (59%) a débuté la nouvelle année en étant à découvert, selon une étude menée en décembre 2024 auprès de 4302 personnes par la fintech Rosaly. Même si l’épisode inflationniste est derrière nous, la baisse du pouvoir d’achat continue donc d’affecter les bourses des Français. Beaucoup de salariés attendent avec impatience leur rémunération afin de sortir leur compte du rouge… Reste qu’en France, l’attente peut être longue, les versements des salaires étant mensuels. 

Pour soulager les salariés qui ne parviennent pas à boucler leurs fins de mois, des start-up comme Rosaly ou Spayr structurent une obligation légale : l’acompte sur salaire. Via ce dispositif encadré par le Code du travail, les salariés qui le souhaitent peuvent toucher, de manière anticipée, une partie de leur salaire mensuel : en l’occurrence celle qui correspond au travail déjà réalisé. « Cette approche permet aux salariés devant faire face à un imprévu financier d’éviter le découvert, qui les plonge dans l’engrenage de l’endettement, et d’échapper aux 7 milliards de frais que les banques ponctionnent chaque année au titre des agios », explique Arbia Smiti, CEO de Rosaly.

une meilleure redistribution des bénéfices.

Étant donné les difficultés financières des salariés, le modèle mensuel du paiement du salaire est-il toujours pertinent ?  Il a le mérite d’être cohérent avec la majorité de nos échéances de paiement – le loyer, les factures d’énergie… – qui sont, elles aussi, mensuelles. Pour Jérémy Lamri, fondateur de l’agence Tomorrow Theory, l’enjeu est plutôt de résoudre un problème plus profond. « Aujourd’hui, le travail ne permet plus de vivre dignement. Le vrai sujet, c’est le montant de ce salaire », estime-t-il. Il ne s’agit toutefois pas d’augmenter les rémunérations des Français. D’une part parce que « ce serait nier la réalité économique des entreprises ». D’autre part car les évolutions salariales aboutiraient mécaniquement sur la hausse des prix à la consommation. 

« Il serait plus intéressant que les entreprises optent pour une meilleure redistribution des richesses qu’elles créent. Cela suppose de verser, à leurs salariés, des primes aux résultats plus importantes », explique-t-il. Le contexte actuel y est favorable. La Directive européenne sur la transparence des salaires, qui entend favoriser l’équité salariale, devrait progressivement toucher aux sujets connexes à la rémunération, dont celui du partage des bénéfices. 

une rémunération de plus en plus personnalisée.

Demain, en plus de devenir transparente, la rémunération devrait être personnalisée. Il y a fort à parier qu’un salarié pourra choisir son package de rémunération en fonction de sa situation personnelle. En d’autres termes équilibrer le poids de sa part variable sur sa rémunération globale en fonction de son âge, de ses projets, de sa parentalité… 

Au Canada, la plateforme d’e-commerce Shopify permet déjà aux collaborateurs de choisir la répartition de leur salaire entre des espèces ou des actions. En Belgique, l’éditeur de logiciels Odoo s’appuie sur un mécanisme qui s’inscrit, lui aussi, dans l’ère de l’hyper-personnalisation. Son « plan cafétéria » permet aux salariés de composer leur package de rémunération, comme s’ils choisissaient leur entrée, leur plat et leur dessert dans un restaurant. Au menu : un salaire brut, une part variable, une voiture de société, un plan épargne, des jours de congés supplémentaires… Cette approche, qui a un impact fort sur l’attractivité et la rétention des talents, repose sur un constat simple : un salarié de 20 ans qui débute sa carrière n’a pas les mêmes besoins et attentes qu’un quadragénaire avec deux enfants en bas âge.

être payé en cryptomonnaie. 

On l’aura compris, le modèle de paiement mensuel du salaire a du plomb dans l’aile. À l’avenir, c’est plutôt la nature de la rémunération – et non pas son rythme de paiement – qui pourrait être amenée à changer. « Des expérimentations – certes marginales – émergent ici et là, notamment au sein des entreprises dites « libérées » », constate Jérémy Lamri. Certaines testent par exemple l’élaboration collégiale des salaires, une approche au cours de laquelle un groupe de salariés choisit la politique salariale de leur entreprise, en l’occurrence le poids de la rémunération fixe et variable, la présence ou non de primes d’intéressement, etc. 

D’autres tablent plutôt sur la responsabilisation des collaborateurs en leur permettant de décider eux-mêmes du montant de leur rémunération. C’est par exemple le cas au sein de la start-up Lucca. À chaque fois, le versement de ces rémunérations reste mensuel. 

Dans les prochaines années, l’avènement des cryptomonnaies pourrait toutefois renverser ce modèle traditionnel. A l’étranger, c’est déjà possible. L’entreprise japonaise GMO permet par exemple à ses 5000 salariés d’être en partie payés en bitcoin. Dans l’Hexagone, le Code du travail exclut par exemple le fait d’être payé dans une monnaie virtuelle, sans cours légal. Les Français ne sont donc pas près de toucher leur rémunération fixe en Bitcoin ou en Ethereum. À moins que la France travaille, comme dans l’État américain d’Oklahoma, sur un projet de loi permettant d’assouplir les règles en faveur des cryptomonnaies.

et plus encore : 

Si la nature de la rémunération pourrait être amenée à évoluer, son montant restera aligné aux missions et à votre métier. Pour évaluer votre rémunération, n’hésitez pas à tester notre simulateur de salaire.