discours des écoles VS réalités du marché du travail : des écarts de salaire ?
25 novembre 2022
Chaque année, la rentrée lâche des milliers de jeunes diplômés dans le monde du travail. Et avec elle, son lot de déçus. “Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais…”, “On est loin des salaires annoncés (par l’école ndlr) !”, “Avec 1500€ brut, comment vais-je bien pouvoir rembourser mon prêt étudiant ?”…
Comment expliquer une telle douche froide ? Y a-t-il réellement un gap entre le discours des écoles, les attentes des candidats et la réalité du marché ? Petit tour d’horizon.
Le grand décalage
Malgré la professionnalisation croissante des formations, il subsiste un paradoxe entre la réalité économique du monde du travail et les attentes des jeunes.
On le doit, en partie, aux écoles qui préfèrent parfois vendre une rémunération ou une position plus qu’une formation. C’est l’exemple d’une école qui dans sa campagne de communication en 2018 affichait “Entrez rêveur, sortez manageur » dans le métro parisien. Un slogan accrocheur où le poste et le salaire arrivent comme des arguments d’autorités qui montrent que l’école est au fait du marché et qu’elle répond aux enjeux économiques, sociaux et sociétaux du moment justifiant ainsi les cinq ans de sacrifice des enfants et des parents… Après tout, qu’est-ce que 10K€/an face à 43K€/an ?
Ainsi, chaque école y va de son commentaire concernant les débouchés ou salaires envisageables à l’issue de ses formations, allant du salaire à cinq chiffres à celui à cinq zéros. Certaines d’entre elles ont d’ailleurs été épinglées pour leur publicité mensongère quand d’autres souhaitent simplement donner une vue factuelle du marché de l’emploi en se basant sur des études de salaires.
Mais alors comment discerner le vrai du faux ? Doit-on systématiquement se méfier lorsqu’une école nous parle d’argent ?
Les écoles doivent-elles continuer à parler salaire ?
Selon une récente enquête de la CGE, le salaire n’arriverait qu’en 5ème position des préoccupations des élèves. Le cabinet de conseil en stratégie BCG confirme cette tendance en ajoutant que deux tiers des étudiants préféreraient « un emploi plus précaire mais porteur de sens ».
Mais alors pourquoi continuer à parler salaire dans les écoles ?
D’abord, pour rassurer les parents et les étudiants quant à leur investissement matériel, humain et financier. Malgré le fait que nous vivons dans un monde de plus en plus instable, le salaire demeure une forme de garantie, un repère. On vous demande votre salaire pour vous louer une maison, vous prêter de l’argent, vous positionner socialement (CSP+, CSP-…)… En plus d’ancrer l’étudiant ou le parent dans une réalité tangible ou le projeter dans un après, l’argument salaire permet également d’en justifier son report. En effet, l’étudiant se prive d’un salaire immédiat dans le but d’augmenter un salaire potentiel…
Mais surtout, le salaire est abordé pour les sensibiliser aux réalités du monde du travail. « En termes de salaires, on ne fait pas miroiter grand-chose, à part les données qui sont publiques, à savoir celles revendiquées par les écoles et celles publiées par la Conférence des grandes écoles (CGE), qui sont des données, certes discutables, mais globalement assez fiables », confiait Maurice Midena à Welcome To The Jungle, auteure de l’essai “Entrez rêveurs, sortez manageurs – Formation et formatage en école de commerce”.
En revanche, il subsiste une omerta sur la question des salaires qui ne profite à personne. « la question du salaire “n’est pas vraiment un sujet de discussion notable entre les étudiants, ni avec le corps enseignant. Car il est tenu pour acquis que le salaire sera “bon” », ajoutait Maurice Midena. En le passant sous silence, on entretient le tabou. Pire, on se prive de l’opportunité de banaliser le sujet, le démystifier et finalement ouvrir le dialogue autour de la rémunération et de la négociation.
Car on a tendance à l’oublier, mais le salaire est avant tout un dialogue entre l’entreprise et le candidat. Il est sujet à discussion et ne devra en aucun cas être subi ou imposé.
Ainsi, en se réappropriant le sujet, on se réapproprie quelque part sa carrière et avec elle, une partie de sa vie : la valeur qu’on accorde aux choses, qu’on s’accorde à soi…
Et ça, les jeunes l’ont bien compris avec la multiplication de nouveaux médias sur TikTok ou Instagram qui démystifient le sujet en parlant “cash”.
Gage alors aux écoles de se mettre au diapason et d’ouvrir le dialogue social !
Quelles écoles gagneraient à davantage parler “salaire” ?
Si les écoles de commerce, de marketing et communication, d’ingénieur ou de management osent parler salaire dans les salons ou dans leurs communications, d’autres, comme les écoles et centres de formation aux métiers techniques et manuels gagneraient à davantage parler salaire.
En effet, le secteur du BTP et celui du Transport & Logistique enregistrent respectivement des hausses de salaire de +2,7% et +3,8% d’après le baromètre des salaires Expectra, soit les plus hautes augmentations du marché, tout secteur confondu.
Communiquer sur la haute rémunération de ces métiers, ainsi que de l’augmentation croissante de leurs salaires, participerait à revaloriser la filière qui connaît depuis la seconde moitié du XXème siècle un déclin considérable. Résultats : des candidats qui viennent à manquer autant dans les écoles que les entreprises !
En effet, chaque année, ce sont près de 120 000 postes qui ne sont pas pourvus dans l’industrie française et plusieurs milliers dans l’agriculture et le BTP, faute de candidats.
Un comble quand on sait que certains de ces métiers sont dépeints comme l’eldorado des “cols blancs” en mal de sens.
Vers plus de transparence
Si on gagnerait tous à parler salaire, un doute subsiste quant à la façon de le faire. Comment s’y prendre ? À qui se référer ? Quels leviers actionner ?
Depuis 20 ans, Expectra décrypte les salaires des cadres pour permettre aux candidats comme aux recruteurs de faire le point sur l’économie, comprendre le marché, les tendances RH. Avec 1,5 million de fiches de paie analysées depuis sa création, le baromètre des salaires Expectra vous livre chaque année une étude poussée par secteur, par métier et par région où vous retrouvez le salaire médian, le pourcentage d’augmentation, les attentes et besoins sur le poste, etc. De quoi vous réapproprier la question de la rémunération !
Si les études et baromètres restent un excellent indicateur pour s’orienter, difficile de s’y référer pour se positionner… Surtout pour un premier emploi ! La faute au manque d’expérience qui, on le sait, reste l’une des principales variables en matière de rémunération.
C’est là que les écoles et les alumnis entrent dans la partie. N’hésitez pas à vous rapprocher des réseaux et associations d’anciens élèves pour les interroger à ce sujet. Faute d’études ou de baromètres, vous obtiendrez peut-être les coordonnées d’anciens élèves à contacter à ce sujet.
Et si les contacts viennent à manquer, quelques recherches et messages sur LinkedIn devraient pouvoir y remédier.
Nos conseils pour se positionner sur le marché de l’emploi quand on débute :
- Faire le point sur votre situation et vos besoins (financier, matériel…)
- Regarder les baromètres en ligne (Insee, Glassdoor, Expectra…)
- Interroger des salariés et alumnis sur leur salaire à l’entrée pour le poste convoité. Ne pas oublier de mettre au regard ce salaire avec les expériences professionnelles et personnelles des interrogés.
- Vous fixer une fourchette de négociation, mais surtout une limite basse à ne pas dépasser.
- Mettre en regard le salaire proposé et les avantages de l’entreprise (valeurs objectives et subjectives)
- Anticiper les évolutions et les négocier (clause d’objectifs ou de quotas…)
Une fois en poste, souvenez-vous de vos galères étudiantes et n’hésitez pas à en témoigner ici ou ailleurs pour que d’autres n’aient pas à les rencontrer.
Et plus encore :
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