Faut-il instaurer un revenu maximum ?
14 octobre 2013


Nourrie par la crise, les scandales des parachutes dorés et la médiatisation de quelques salaires mirobolants, l’idée d’instaurer un revenu maximum fait sonchemin. Ce principe est-il viable économiquement ? Quel impact une tellerégulation aurait-elle sur le fonctionnement et la performance des entreprises ?Deux experts partagent leur point de vue.
OUI, un bon outil s’il sait rester souple
Au niveau d’une entreprise aussi, le système présenterait des avantages, surtout en cas de baisse d’activité, explique Lionel Bonnet :
Lorsqu’un haut salaire est fixé, l’entreprise ne peut pas revenir en arrière. Si alors son activité baisse, elle est piégée. »
Un salaire plafonné permettrait de « sauvegarder ses marges et ses emplois quand celle-ci navigue en basses eaux. » Le directeur de FocusPaie préconise un salaire fixe limité, assorti d’éléments variables directement dépendants des résultats.
Mais ce variable ne remettrait-il pas en cause le principe même de revenu maximum ?« Le variable doit être raisonné et issu d’indicateurs clairs, transparents, incontestables,précise-t-il. C’est son mode de calcul qui constituera le garde-fou, en restant toujours enphase avec le résultat de l’entreprise. »Le but étant « d’éviter les prises de risque inconsidérées, notamment chez les traders, ou les bonus de départ de patrons négociés à l’avance, qui en fin de compte n’ont plus aucun intérêt à servir le projet collectif » soutient le dirigeant de Focus Paie.
Vient la question, plus épineuse, de la mise en place d’un tel système. « Si l’idée est bonne sur le plan intellectuel, sa mise en uvre est complexe », concède Lionel Bonnet. Principale question : qui en fixerait les règles ? « Si l’idée émane du pouvoir politique, les entreprises auraient une réaction épidermique ! » prévoit-il.
Quant à une société qui le déciderait seule, elle perdrait en attractivité pour recruter des candidats, face à ses concurrents « non-limités »… Pour Lionel Bonnet, « c’est donc uniquement via des accords de branche que le revenu maximum est possible et exprimerait tous ses bienfaits. »
NON, la liberté contre une apparente équité
Car l’effet créé par les rémunérations des grands patrons ne doivent pas, selon lui, masquer le vrai problème : « Beaucoup de salariés ne sont pas suffisamment payés ! » La notion de maximum ne présente pas, pour lui, d’intérêt en soi : « 20 fois le SMIC, 30 fois le SMIC, cela signifie-t-il quelque chose ? Tous les secteurs ont des marges et des réalités différentes. Qui fixerait les critères ? »Pour ce professeur de management et de ressources humaines, « le sentiment d’équité naît du rapport entre contribution et rétribution », c’est-à-dire l’impression d’être rémunéré au niveau de son implication dans l’entreprise. Les hauts, voire très hauts salaires, ne poseraient alors plus de problème : « ils seraient même très motivants pour les collaborateurs qui cherchent une promotion. »Instaurer un revenu maximum constituerait en outre un risque important pour la compétitivité des entreprises, selon Jean-Michel Heitz : « Il faut prendre en compte la pression externe que ces dernières subissent. Elles doivent se battre pour attirer les meilleurs sur le marché mondial. Et ceux-ci iraient tout simplement ailleurs. » Ne peut-on pas cependant imaginer un revenu maximum à l’échelle de tout un secteur ?
Cela marcherait pour les quelques métiers spécialisés du secteur, mais toutes les compétences généralistes, elles, se tourneraient vers les domaines plus rémunérateurs. »
Cette perte d’attractivité serait aussi valable pour l’entreprenariat, « car ce qui donne, engrande partie, envie d’entreprendre, c’est tout de même de valoriser son entreprise », estime Jean-Michel Heitz, qui ne voit pas « comment interdire à un chef d’entreprise qui a monté saPME de fixer lui-même son salaire ? »Difficile, donc, de ne pas décourager l’ambition par trop de régulation, même si son principe semble juste : « Le sentiment d’iniquité, voire de révolte, dans la période que nous traversons, est fort compréhensible », admet le professeur de l’ESSCA, qui plaide activement pour une suppression de « systèmes choquants comme les parachutes », rétributions négociées avantla moindre contribution, et qu’il considère de ce fait absurdes, dangereuses…
Mais « tellement minoritaires qu’elles ne peuvent pas dicter une politique salariale à l’ensemblede la société ! »
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