vers la fin de la surenchère des salaires dans la Tech ?

Débriefing avec Christophe Jumel, Manager référent au sein de la Practise « Informatique et Télécom » d’Expectra et Yoann Ferron, Manager Recrutement au sein d’Expectra, dans le cadre de notre série d’articles « Insight ». 

Au sommaire : 

• la tendance est au rééquilibrage. 
• les processus de recrutement s’allongent.
• la pénurie des talents est structurelle.
• et demain alors ?

la tendance est au rééquilibrage.

Cette année marquera-t-elle une pause dans la surenchère des salaires de la Tech ? La réponse est oui. D’après l’édition du Baromètre des salaires cadres 2024/2025 Expectra, le secteur de la Tech connaît un ralentissement dans l’évolution de ses rémunérations. 

Alors qu’elles ont augmenté de 4,4% – tous postes et statuts confondus – en 2023, ces dernières enregistrent une hausse de 3,8% en 2024. Cela reste néanmoins au-dessus de la moyenne nationale, qui est de 3,7%. En revanche : exit la démesure constatée ces trois dernières années, au cours desquelles les profils de développeurs pouvaient gagner 15 000 euros de plus par an, en un claquement de doigt, simplement en changeant d’employeur. 

« Depuis un an, nous voyons moins d’excès dans les salaires. Les employeurs ne recrutent plus à n’importe quel prix. Ils sont plus informés sur les rémunérations réelles du marché », confirme Christophe Jumel, Manager référent au sein de la Practise “Informatique et Télécom” d’Expectra.

les processus de recrutement s’allongent. 

Pendant la crise du Covid-19, les projets IT des entreprises ont été gelés. Suite à la pandémie, il a fallu recruter vite – et de préférence bien – pour ne pas prendre de retard d’un point de vue technologique (sur le cloud, le Saas…). Un empressement qui a abouti à des déconvenues dont des erreurs de casting. Les employeurs ont également été échaudés par les candidats opportunistes qui ont fait monter les enchères pour finalement rester moins d’un an en poste. Résultat : aujourd’hui, les entreprises sont plus précautionneuses. 

« Elles sont davantage sélectives vis-à-vis des candidats : elles prennent leur temps, évaluent les soft skills, pensent à l’intégration des profils, négocient les rémunérations… Les compétences techniques sont toujours très recherchées mais elles ne suffisent plus », assure Christophe Jumel. 

Les processus de recrutement « éclairs », qui caractérisaient la période post-pandémie, c’est du passé ! Ces derniers sont désormais plus longs, mieux structurés et font intervenir davantage de personnes (RH, opérationnels…).

la pénurie des talents est structurelle. 

Même si les rémunérations augmentent moins vite que dans le passé, certainement parce que les incertitudes économiques amènent à plus de raison, la Tech reste dynamique en matière d’emplois. D’ailleurs, la fin de la démesure des salaires ne marque pas la fin de la pénurie des profils. Dans le secteur de la Tech, le nombre d’offres d’emploi reste bien plus élevé que le nombre de candidats disponibles sur le marché. 

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Tant que les formations – encore trop peu nombreuses – ne formeront pas davantage de professionnels, la guerre des talents sera toujours à l’œuvre dans la filière de la Tech. 

« Sur les métiers techniques liés à la cybersécurité et la data, les profils sont toujours aussi rares », confirme Yoann Ferron, Manager Recrutement au sein d’Expectra. La rareté faisant la cherté, le profil de consultant en cybersécurité est d’ailleurs celui qui verra sa rémunération le plus augmenter en 2024, de l’ordre de 9 %, selon le baromètre des salaires. Tout comme l’ingénieur en sécurité (+6,7 %). 

et demain alors ? 

La surenchère des rémunérations est-elle terminée ou marque-t-elle uniquement une courte pause ? Difficile de répondre à cette question sans avoir de boule de cristal. « Ce qui est sûr, c’est que le numérique prendra, au fil des années, une place de plus en plus importante au sein des organisations », explique Yoann Ferron. Un avis partagé par Christophe Jumel. « La complexité des projets est telle que les entreprises auront toujours besoin de compétences pointues », ajoute-t-il. 

En toute logique, les rémunérations devraient donc continuer d’augmenter, mais pas à un rythme aussi soutenu qu’avant. Pour rappel, les salaires dans la Tech ont évolué de 15,8% en l’espace de 5 ans. Certaines fonctions continueront toutefois d’échapper à la règle. Notamment les métiers émergents liés à la data et l’IA, comme les analystes du langage, les ingénieurs cogniticiens, les data protection officers, les hackeurs éthiques… 

et plus encore : 

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