débat : faut-il instaurer un esprit de compétition entre les collaborateurs ?
20 janvier 2023
La mise en compétition des collaborateurs est-elle la clé de voûte pour motiver ses équipes, les inviter à se dépasser et ainsi atteindre de meilleures performances ? Deux experts du management pèsent le pour et le contre de la compétitivité au sein de l’entreprise.
Oui, l’esprit de compétition est un moteur de motivation
« Un bon système de compétition doit amener chaque collaborateur à se dépasser ou à apporter quelque chose de nouveau à l’entreprise, mais aussi à récompenser le collectif plus que l’individu », Francis Boyer, conférencier et auteur du livre « Innovation managériale » paru aux éditions Eyrolles.
La compétition peut avoir une connotation positive ou négative selon le sens qu’on lui donne. Si la compétition entre collègues implique d’écraser les autres, elle ne pourra en effet que nuire à l’entreprise. A contrario, si le fait de challenger les collaborateurs engendre un esprit d’émulation, elle ne peut être que bénéfique en termes de motivation et de productivité. La généralisation des hackathons en est ainsi l’illustration parfaite.
💡 En somme, pour être efficace, la compétition doit être collective et ne surtout pas être centrée sur l’égo. Expérience supplémentaire, nouvelles compétences acquises, prime, voyage… Il est essentiel de définir ce que chacun a à y gagner au bout.
L’entreprise Microsoft au Japon a ainsi décidé de challenger ses collaborateurs pour leur permettre d’accéder à la semaine de quatre jours. Leur mission ? Prouver à leur manager qu’ils étaient en mesure de trouver des solutions pour travailler aussi bien, voire mieux dans un laps de temps réduit. Non seulement, cette compétition a créé de l’émulation entre les salariés et leur a permis de décrocher le Graal, mais la productivité de l’entreprise a également augmenté de 40%.
« Bien entendu, l’esprit de compétition doit être encadré par des règles et des attitudes à respecter qu’il convient de faire définir par l’équipe avec l’accord du manager pour qu’il ne soit pas à l’origine de tensions interpersonnelles », explique Francis Boyer.
En matière de compétition, ce sont souvent l’individualisme et l’agressivité qui sont mal perçus. « Si le manager veut engager ses collaborateurs dans un esprit de compétition, il se doit au préalable d’instaurer un état d’esprit de bienveillance et de respect mutuel au sein de ses équipes, mais aussi d’appliquer la théorie de justice organisationnelle », conseille l’auteur en innovation managériale.
Ce concept développé par Greenberg rappelle ainsi l’importance que chaque collaborateur soit traité de manière équitable, que les processus décisionnels soient clairs, et que chacun soit récompensé proportionnellement à ce qu’il a apporté.
Non, l’esprit de compétition est un frein à la productivité
« Il existe aujourd’hui de véritables manques en termes de culture de coopération et de performances collectives qui représentent un frein à la productivité de l’entreprise », Charlotte du Payrat, consultante en management et auteure de « Orchestrer l’intelligence collective » paru aux éditions Pearson.
Pour Charlotte du Payrat, au contraire, trop de compétition peut être contre-productive à la performance de l’entreprise.
Lorsqu’un collaborateur est centré sur son objectif individuel aux dépens de l’objectif collectif, il s’éloigne du projet d’entreprise et le risque est alors de perdre la vision commune de l’organisation, son « Why » (« Pourquoi »), tel que l’évoque Simon Sinek.
Pourtant, le Why de l’entreprise, tel que l’évoque Simon Sinek (c’est-à-dire sa raison d’être) génère l’engagement, la motivation des collaborateurs. En perdant le Why, le collaborateur perd le sens de ce qu’il fait, ce qui peut induire de sa part une forme de désengagement.
C’est particulièrement le cas aujourd’hui où le suivi des objectifs est trop souvent individualisé. Cette individualisation du travail engendre beaucoup de pression pour le salarié et peut produire parfois un phénomène d’épuisement professionnel, ainsi qu’un sentiment de solitude. Tout cela peut entraîner le sentiment d’un manque de support collectif.
Ainsi, alors qu’il paraît difficilement imaginable d’assister à un match de rugby sans que les joueurs aient été coachés au préalable, nous assistons aujourd’hui à un réel manque d’accompagnement des collaborateurs pour les mener vers cet objectif commun : culture de coopération, accompagnement managérial, accompagnement des stades de maturation des équipes.
« Dans un état d’esprit de compétition, les collaborateurs sont essentiellement centrés sur leurs performances individuelles et ils s’intéressent moins aux talents de leurs collègues. Or, le collectif implique de reconnaître les talents de chacun », ajoute Charlotte du Payrat.
Dans une équipe, et ce quel que soit le sport, si vous avez un excellent joueur mais que ce dernier joue uniquement perso au détriment du collectif, le coach ne le considérera probablement pas comme son meilleur joueur et devra probablement l’inciter à ouvrir son jeu.
« Plutôt que la compétition, je défends la nécessité de travailler une culture de la coopération en profondeur pour soutenir une performance et une intelligence plus collectives », conclut Charlotte du Payrat.
et plus encore :
Qu’elle soit stimulée ou non par la mise en compétition, la coopération entre les membres d’une équipe est primordiale pour favoriser l’engagement, la motivation et la performance. Retrouvez nos 8 conseils pour créer un esprit d’équipe ! 💪
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