Écologie en entreprise : ça ne dépend pas que de vous
24 mai 2021
Y a-t-il une petite voix qui vous souffle « Il faut supprimer régulièrement tes mails » ? Et pourtant vous n’avez pas le temps de le faire ou vous préférez les garder, sait-on jamais ! Vous dit-elle aussi « Utilise un moteur de recherche responsable comme Ecosia » ? Et … vous privilégiez la facilité et foncez sur Google. Dit-elle aussi « Limite tes déplacements ou prends ton vélo » ? Ce qui ne vous empêche pas, quand vous êtes en retard, d’appeler un Uber avec un petit fond de culpabilité…
C’est normal ! Bienvenue sur terre parmi les humains ! La vie est faite de ces contradictions. Je dirais même plus, chérissons la vie jusqu’à ses plus intimes contradictions !
Sortir de la dualité … par la joie
Et si au lieu d’opposer la raison aux envies, nous articulions joie et tristesse, comme le suggère habilement le philosophe Spinoza. Au lieu de rester bloqués dans une dualité sado-maso où la morale doit dominer les passions et désirs par la raison, augmentons ensemble notre puissance d’agir et de penser. Le clivage n’est plus entre deux parties de nous (raison et passion) mais entre joie et tristesse, des émotions transitoires que nous vivons l’une après l’autre.
💡 Autrement dit : est-ce que je choisis la joie ou la tristesse ? Il ne s’agit pas de dominer, contrôler, taire, mais de nourrir certains désirs au détriment d’autres. Favoriser le sentiment de force et de puissance en soi. Qu’est-ce qui me met en joie ce matin ? Sans taire la peur et la tristesse, réfléchissez à ce qui vous donne envie de vous engager, en fonction de votre métier, de vos ressources, de votre géographie, etc. « Bon, je n’ai pas envie d’arrêter Uber ni de trier mes mails, par contre, j’ai très envie de faire du mécénat de compétence ou d’organiser un potager d’entreprise. » Foncez.
« Agir, c’est connaître le repos », dit le poète Fernando Pessoa
N’oubliez jamais qu’il existe différentes échelles pour agir et avoir un impact. Evidemment, en agissant concrètement dans votre vie quotidienne, vous avez un impact, vous entrez dans la danse, vous vous responsabilisez, mais cet impact individuel plafonne vite. C’est ce que rappelle le Shift Projet dans son rapport : « Faire sa part ; Pouvoir et responsabilité des individus, des entreprises et de l’État face à l’urgence climatique ».
♻️ Si un Français activait conjointement et systématiquement l’ensemble des éco-gestes possibles (manger végétarien, ne plus prendre l’avion, faire invariablement du covoiturage, etc.) tous les jours de l’année, la baisse de l’empreinte carbone serait de… 25%. La responsabilité des collectifs (entreprises et états) est donc très importante. Tout ne repose pas sur les bras des citoyens, sauf que vous pouvez faire pression auprès de votre entreprise pour changer les pratiques, par exemple en lançant une démarche RSE participative.
Accepter les contradictions
Il s’agit parfois aussi tout simplement de savoir lâcher prise, d’aimer en soi toutes les parts, même les plus sauvages, même celles qui ne trient pas leurs mails ni leurs déchets ! Laissez-les s’exprimer, écoutez toutes vos émotions et ce que vous sentez dans vos tripes. Souvent, la première réaction, sanguine, est passagère. Elle ouvre la porte à autre chose.
💪 Mettez en place en douceur, petit à petit, des habitudes, rencontres et réflexes susceptibles de faire émerger les désirs joyeux et de faire perdre aux désirs tristes leur vitalité. Nous passons ainsi d’une posture de consommateurs passifs, assistés, à celles d’hommes et de femmes responsables, engagés et productifs. Chacun à son échelle, à son rythme.
Un triple lien à tisser avec le monde, ses collègues et … soi
Felix Guattari, dans son remarquable essai Les trois écologies, affirme que l’écologie environnementale est à penser d’un seul tenant avec l’écologie sociale et l’écologie mentale. Lien au monde, lien aux autres, lien à soi ! En initiant une transition dans un collectif, je mets en mouvement des individus. En mettant en mouvement des individus, je favorise leur passage à l’acte à des échelles plus larges (famille, démocratie, territoire). En questionnant le « vivre autrement » à une échelle domestique (cuisine, déchet, énergie, consommation) ou entrepreneuriale, je questionne au niveau sociétal «le travailler autrement, l’éduquer autrement, le décider autrement, le cultiver autrement».
👍 A l’échelle individuelle il n’y a pas de « sots petits pas » car ils participent tous à une joyeuse mise en mouvement. A l’échelle collective, la dynamique est exponentielle et la culpabilité n’existe plus !
Et encore plus encore : les coup de cœur de Louise Browaeys
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