La réussite professionnelle n’est plus ce qu’elle était
8 janvier 2012
Au siècle dernier, la vie professionnelle était le catalyseur de la réussite. Il était alors impossible de s’accomplir hors du travail. Du moins aux yeux de la société. Aujourd’hui, c’est avant tout le bonheur familial qui détermine si l’on a réussi, ou non.
Les années 80 sont bel et bien révolues. Finie l’ère JR Ewing, où la réussite était forcément professionnelle et se mesurait à l’aune du montant figurant au bas de la fiche de paye, et/ou du rang hiérarchique occupé dans l’entreprise. Terminés aussi les sacrifices pour gravir les échelons dans l’espoir de gagner plus. Au XXIe siècle, les Français ont d’autres aspirations.
Un moyen, plus une fin
La réussite professionnelle est en train de devenir un oxymore », observe François Dupuy, qui trouve que les deux termes s’opposent de plus en plus.
Le sociologue des organisations justifie sa figure de style en expliquant que « le travail lui-même est devenu répulsif ».
Plus précaire, moins protecteur et ultra stressant, « les gens s’en sont détachés, allant chercher ailleurs des moyens de satisfaction », considère l’auteur de La fatigue des élites* et Lost in management*.
Interrogés par l’institut CSA sur leur vie professionnelle, la moitié des cadres estime toutefois avoir « très bien » réussi. Ils se réjouissent notamment de l’entente avec leurs collègues et affirment qu’ils s’épanouissent. Ils sont également satisfaits de leur niveau de responsabilité. À l’opposé, les deux domaines où ils estiment le moins réussir sont la place occupée dans la hiérarchie (64 %) et le salaire (60 %), même si les sondés sont plutôt privilégiés en la matière.
Crise de confiance
La rémunération reste la principale attente des salariés, mais n’est plus un critère de réussite », souligne Agnès Balle. Pour François Dupuy, il s’agit simplement d’une « ressource pour vivre la vraie vie ».
Aujourd’hui, les Français n’ont plus envie de renoncer à leurs principes moraux afin de réussir. Ils ne veulent pas non plus sacrifier leur vie de famille, leur temps libre ou leurs rêves pour atteindre leurs objectifs professionnels. « Avant le début du chômage de masse, les travailleurs étaient prêts à s’investir, à faire des compromis, car ils avaient des plans de carrière », rappelle Agnès Balle. « Les crises successives sont passées par là, et ils ont perdu leur confiance en l’entreprise. »
PME versus grands groupes
Autre signe de cette défiance, les salariés ne comptent pas seulement sur leurs compétences, ni sur leurs diplômes pour réussir professionnellement. Ils sont en effet 55 % à considérer que « les relations et le réseau » constituent leur principal atout.
Selon l’étude CSA, ils sont par ailleurs convaincus de ne pas avoir la « capacité à se mettre en valeur » et de devoir surtout faire preuve de persévérance et de détermination.
Malgré ces difficultés, les salariés sont encore nombreux à associer leur réussite personnelle à celle de leur entreprise. 59 % d’entre eux trouvent ainsi que faire carrière dans une société est plus un signe de réussite que monter sa propre société. En l’occurrence, ils sont 62 % à répondre que les PME cadrent mieux à leurs aspirations que les grands groupes.
Nathalie Cariou n’est pas étonnée. « La pression dans les grandes entreprises est de plus en plus dure à supporter », remarque-t-elle. « Les relations y sont également plus confrontationnelles », ajoute François Dupuy. Pour autant, « trois-quarts des actifs se déclarent heureux dans leur travail », conclut Agnès Balle.* Editions du Seuil 2005 et 2011
Geoffrey Dirat
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