mentorat : à deux c’est mieux !

qu’est-ce que le mentorat ?

Le mentorat (ou mentoring en anglais) est une relation d’entraide entre un mentor et un mentoré.

📚Pour la petite histoire : le nom commun mentor a pour origine le nom du héros de l’Odyssée, Mentor, ami d’Ulysse, dont Athéna emprunta les traits pour accompagner et instruire Télémaque.

Pratiqué aux États-Unis et au Canada depuis les années 70 dans toutes les sphères de la société professionnelle et éducative, le mentorat s’est peu à peu développé en France dans les années 90. Il tient aujourd’hui une place de choix dans les entreprises : à ce titre, plus de 1000 entreprises françaises (ETI, PME, grands groupes) sont partenaires d’associations du Collectif Mentorat, d’après la 2e édition des Assises du Mentorat.
« Le mentorat est une relation d’entraide entre deux personnes volontaires, dans une relation désintéressée, et qui n’ont pas de liens hiérarchiques entre elles », explique Catherine Thibaux, formatrice en ingénierie de mentorat et auteure du livre « Le mentorat dans tous ses états » paru aux éditions Studyrama.

L’objectif du mentorat en entreprise ? Favoriser, entre un mentor, le plus expérimenté, et un mentoré, le plus junior :

• la circulation du savoir,
• le transfert d’expérience,
• la transmission de valeurs,
• le développement professionnel et personnel.

« Il est préférable que mentor et mentoré ne soient pas dans le même métier, sinon on tombe dans le tutorat qui n’est pas l’objet du mentorat », conseille Catherine Thibaux.

quels sont les usages du mentorat en entreprise ?

Le mentorat est un accompagnement qui a longtemps été au service des projets et de l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, il évolue de plus en plus vers des mentorats en interne des entreprises. Il permet d’optimiser l’intégration et est par exemple propice aux nouveaux collaborateurs, aux retours des salariés après un congé longue maladie, maternité, congé parental ou encore une évolution de poste.
Pour Catherine Thibaux : « Le mentorat en entreprise permet de décloisonner les services et d’améliorer le sentiment d’appartenance des collaborateurs puisque mentor et mentoré, ne se seraient sûrement pas rencontrés en dehors de ce dispositif. »
En plus de faciliter l’intégration des nouvelles recrues, un programme de mentorat montre clairement aux talents que l’entreprise met à leur disposition des outils performants pour évoluer au sein de l’organisation. En effet, l’accompagnement par les pairs est un excellent moyen pour progresser et favoriser le développement des compétences.

exemple d’un cas de mentorat en entreprise

Chantal Legendre est Directrice du Talent Management au sein du Groupe Orange, à la fois mentor au sein de son entreprise et à titre bénévole au sein d’associations, telles que l’EMCC France, Conseil Européen du Coaching, du Mentorat et de la Supervision. Elle a accompagné pendant 6 mois Catherine Freiberg qui a intégré le poste de directrice du consulting international en juillet 2022.
« Après 7 ans au sein d’Orange Belgique, j’ai été confrontée à un déménagement dans un nouveau pays, un nouveau poste, une nouvelle entité administrative, de nouveaux objectifs et beaucoup de projets de réorganisation, il m’a donc semblé opportun d’identifier un mentor pour m’accompagner dans cette transition », précise Catherine Freiberg.
Au rythme d’une fois par mois, au cours d’entretiens d’une heure, les deux interlocutrices ont appris à se connaître et à échanger sur les problématiques métiers.
« Ce programme de mentorat m’a permis de prendre de la hauteur par rapport à ma nouvelle fonction, d’avoir une vision d’hélicoptère et surtout d’aborder dans un contexte de confiance des sujets qui peuvent être sensibles et que l’on pourrait avoir plus de mal à aborder avec son manager », met-elle en avant.

comment mettre en place le mentorat en entreprise ?

« Quand une entreprise décide de se lancer dans un programme de mentorat, il est essentiel que cette démarche soit à la fois portée par la tête de l’entreprise, c’est-à-dire le Codir et le Comex, mais également par la direction des ressources humaines », souligne Chantal Legendre.
Et d’ajouter : « Avant d’implémenter ce dispositif, il est indispensable de mettre en place une communication en amont qui explique précisément quelle est l’intention et l’objectif du mentorat au sein de l’entreprise. »

programme structuré

Pour être efficace, le processus de mentorat doit durer de 6 à 12 mois, instaurer des rendez-vous réguliers de 1h à 2h une fois par mois ou tous les 15 jours.
« Mais attention, il ne faut pas que ces rendez-vous de mentorat deviennent un devoir, une tâche en plus ajoutée à sa to-do-list. Il faut que les mentorés les perçoivent vraiment comme un cadeau qu’ils se font, un temps privilégié pour se poser, prendre du recul par rapport à son activité », observe Catherine Thibaux.
Autre précaution à prendre et non des moindres, un programme de mentorat doit être structuré. « Pour être de qualité, ce dernier a besoin d’être encadré. Dans cette optique, il est recommandé de former au préalable mentors et mentorés, afin que ces derniers bénéficient des mêmes outils et partent sur une relation d’égal à égal », conseille la formatrice en ingénierie de mentorat.

qu’est-ce qu’un bon mentor ?

« Le mentorat est une relation basée sur le volontariat. Le mentor n’a pas d’obligation, sinon l’envie de partager et de transmettre ses connaissances, mais aussi de recevoir en retour un enrichissement en découvrant de nouveaux environnements et écosystèmes », déclare Chantal Legendre.
Pour Cédric Lécina, PDG du cabinet de maîtrise d’œuvre Gecos, qui est devenu mentor il y a deux ans dans le cadre du réseau Moovjee : « Un mentor doit savoir faire preuve d’écoute, de tolérance, mais surtout d’humilité, car il est avant tout là pour poser au mentoré des questions, le faire réfléchir sans prendre position. Notre rôle n’est pas de lui donner des conseils ou de lui dire ce qu’il a à faire. »
Créée en 2009, l’association Moovjee propose des programmes de mentorat sur mesure dédiés à des jeunes entrepreneurs, âgés de 18 à 30 ans, qui souhaitent faire grandir leur entreprise et s’appuie sur l’aide d’entrepreneurs expérimentés.
C’est dans ce cadre que Cédric Lécina a accompagné Florian Lecoeuche, fondateur et CEO d’AppMoov, agence digitale de création d’applications mobiles et web sur mesure. Pour ce dernier, « un bon mentor doit déjà avoir une certaine expérience, avoir rencontré beaucoup de problématiques, avoir fait des erreurs et surtout avoir compris ses erreurs.»
Et de conclure : « Cette expérience m’a apporté une nouvelle façon de réfléchir. Alors que je voyais par exemple 2 ou 3 chemins à emprunter face à une problématique, Cédric m’aidait à dissiper le brouillard, et via ses questions, à découvrir qu’en réalité le champ des possibles était bien plus large. »

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