Work-addict : qui sont ces bourreaux de travail ?
8 décembre 2016
Du matin au soir, le week-end et même pendant les vacances, pour les « accros au boulot », l’investissement dans le travail n’a pas de limite. Au point qu’il peut en devenir une addiction. Ils sont aussi bien patrons, managers, indépendants ou employés, pourquoi certains le vivent mal et d’autres mieux ? Quels plaisirs en tirent-ils et jusqu’à quand ?
Des profils workaholic aux antipodes les uns des autres
Qui sont ces professionnels atteints de dépendance parmi lesquels il convient de distinguer les personnes passionnées ? Certains sont obligés de travailler pour répondre à des obligations professionnelles quand d’autres tentent d’échapper à la vie personnelle en se consacrant au travail. Ce dernier étant un échappatoire à portée de main. En revanche, certains collaborateurs choisissent un secteur par passion. Pour eux, le plaisir personnel et professionnel est mélangé.
Comme il en existe chez nous dans le domaine de l’édition. L’implication va alors bien au-delà du job. »
détaille Aymeric Vincent, directeur des Talents et du Développement des Ressources Humaines chez Editis.
Le travail, est-ce vraiment la santé ?
Pour cette dernière catégorie, être boulomane ne s’oppose pas à l’épanouissement. D’ailleurs, d’après l’Organisation Mondiale de la Santé, la santé au travail ne signifie pas uniquement l’absence de maux mais bien la présence de bénéfices apportés par ce dernier. Par contre, trop surinvesti, le collaborateur contraint ou passionné s’expose aux mêmes conséquences une fois la limite dépassée : la maladie ou tout du moins la souffrance. Dépression, burn-out, autres addictions… Si les conséquences sont connues, aucune définition médicale ne fait l’unanimité autour de cette implication abusive souvent liée à l’estime de soi et la réalisation professionnelle mettant en danger la santé. Certains peuvent ainsi tirer satisfaction de leur travail mais cet engrenage inconscient peut amener à l’épuisement.
La prise de conscience est d’autant plus difficile qu’au départ la personne se base sur une certaine forme de satisfaction ou de nécessité. »
témoigne Frédéric Barre, coach formateur et gérant du cabinet Sérénance.
L’entreprise a sa part de responsabilité
La raison de ce surtravail peut être recherchée dans l’histoire ou la situation de la personne, à l’instar de ceux qui fondent dans leur travail un désir d’attention ou d’élévation. Mais force est de constater que l’entreprise, à travers l’organisation du travail, est également responsable. Et ce, de plusieurs façons. La première : quand les objectifs définis par l’entreprise sont irréalistes notamment lorsqu’il est demandé aux collaborateurs de faire autant voire plus de tâches avec moins de personnes. Ensuite, l’entreprise peut avoir tendance à demander une disponibilité forte hors du temps de travail que ce soit par l’intermédiaire des nouvelles technologies ou lors de réunions tardives.
La présence devient alors une sorte d’indicateur de performance. Il ne s’agit parfois pas d’une obligation directe mais plutôt d’incitations. »
illustre Marc Loriol, sociologue au CNRS et auteur du livre Le travail passionné.
La nécessaire vie en dehors du travail
Ce qui caractérise les workaholics, c’est aussi et surtout l’absence in fine de vie en dehors de leur activité professionnelle. Pour eux, les journées commencent de plus en plus tôt et se terminent de plus en plus tard, la carence de centres d’intérêt et de vie familiale se fait au profit du job. Pour éviter de tomber dans ce travers, il est nécessaire de se fixer des objectifs comme : ne plus travailler le weekend ou après une certaine heure.Frédéric Barre conseille ainsi :
Remplacer le temps au travail de façon positive et s’y tenir, avec une activité comme le sport par exemple. »
De son côté, l’entreprise a également son rôle à jouer en proposant des règles collectives pour diminuer le débordement du travail sur la vie privée.
Comme couper les emails le week-end, la lumière dans les bâtiments à partir de certaines heures, ne pas permettre de réunions tardives… »
ajoute Aymeric Vincent.
Autant de pratiques qui restreindront le workaholic à une époque où travailler beaucoup est trop souvent connotée positivement.
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